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Débat sur l’immigration et paradigme de l’immigré

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Publié le

10 octobre 2019

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Le débat sur l’immigration s’est ouvert à l’Assemblée nationale. Son objectif, donner davantage de corps à l’exhortation d’Emmanuel Macron à ses parlementaires à ne pas se comporter en bourgeois, d’autant plus ouverts à l’Autre qu’ils ne le fréquenteraient ni dans leurs immeubles, ni dans leurs bureaux ni dans les écoles de leurs enfants. Propos cocasse s’il en est, tant le profil sociologique des députés En Marche est homogène (plus de 65% d’entre eux étant auparavant cadres ou professions intellectuelles).

 

Drôle d’époque que la nôtre, où nous pouvons passer les hurlements unanimes de la meute réclamant au choix la limitation d’antenne et de tribune, le licenciement ou l’enfermement pour un polémiste, au silence assourdissant de cette dernière lorsque vient le temps de constater à quel point l’islamisme a pu pénétrer jusqu’aux cercles les plus sensibles de nos services de sécurité. Drôle d’époque où seule la mort de quatre personnes peut nous rappeler, pour un certain temps du moins et pour certains d’entre nous, que le véritable ennemi n’est pas tant celui qui, en dépit de ses outrances et de ses erreurs d’analyse, alerte sur les périls à laisser l’Islam politique se développer que les agents de cet Islam rigoriste qui a une nouvelle fois endeuillé la France.

 

Lire aussi : Un commissaire : “Tout musulman au comportement salafiste doit être exclu de l’institution”

 

Si le Premier Ministre a consacré une large part de sa longue litanie à l’exigence d’humanité, à la nécessité d’accueillir et de bien accueillir cet Autre, au moins a-t-il fugacement évoqué les « dérives communautaires », cette « sécession insidieuse [qui] se développe » tout en s’empressant d’ajouter que ce débat posait « d’autres questions que celles de la maîtrise des flux migratoires et de l’accueil des ressortissants étrangers ».

S’il est faux et contreproductif de réduire l’immigration à ce communautarisme et cette sécession, il l’est tout autant de l’en différencier. Jusqu’à présent, les terroristes, l’aspect le plus abject, le plus criminel et le plus radical de cette sécession, étaient tous soit en instance d’expulsion comme l’auteur de l’attaque au couteau de la gare St Charles, soit immigrés eux-mêmes comme l’auteur de l’attaque du 12 mai 2018 à Paris, soit nés Français de parents immigrés comme les frères Kouachi. Le cas de Mickael Harpon, converti et fréquentant les milieux salafistes dont une moquée dirigée pendant plusieurs années par un imam marocain fiché S, vient compléter cette panoplie.

 

 

D’un côté les assassins, de l’autre les victimes. Au nombre desquelles là aussi des immigrés ou des enfants d’immigrés. Parmi lesquels Abel Chennouf et Mohamed Legouad, tués parce qu’ils avaient choisi de prendre les armes pour servir et défendre la France. Tués par Merah parce qu’il les considérait comme des traitres et des apostats.

 

L’immigration n’est ni bonne, ni mauvaise par nature. Elle est ce que l’on en fait.

 

Mais il sera impossible d’en faire quoi que ce soit tant que le paradigme d’interprétation de ce phénomène ne sera pas renversé. Et c’est, bien malgré lui, Jean Christophe Lagarde, supplétif de la majorité présidentielle, qui a exprimé le plus clairement le paradigme dominant dont les discours des différents Ministres transpiraient. Evoquant l’Aide Médicale d’Etat, farouchement défendue par Agnès Buzyn qui n’a apparemment pas entendu parler de l’ouvrage de Véronique Prudhomme sur les dérives graves et couteuses de ce dispositif, le Président de l’UDI a affirmé qu’il en avait assez d’entendre que l’AME était un cadeau fait aux gens qui viennent ici, que c’était en réalité un cadeau fait aux Français pour les protéger des maladies les plus graves, comme la tuberculose qui est réapparue en Seine-Saint-Denis.

Tant que le paradigme qui fonde les débats sur l’immigration consiste à savoir comment limiter ou faire refluer la propagation de la tuberculose en Seine Saint Denis et non pas comment éviter que les porteurs de tuberculose ne viennent en France, rien ne changera.

 

Tant que les débats sur l’immigration seront structurés par un sentiment de culpabilité profondément ancré et par une attitude de résignation devant un phénomène qui dépasse la capacité d’action du politique, nous sommes condamnés à ne pas influer sur la nature de cette immigration.

 

Car ce paradigme porte en lui non seulement l’inéluctabilité du processus migratoire, donc la démission du politique et surtout la « préférence immigrée » de la gauche, terme volontiers provocateur assumé par Hervé Algalarrondo. Après avoir désidentifié la majorité historique, ou le peuple fondateur pour reprendre une expression québécoise, à travers sa grande œuvre de déconstruction des communautés naturelles, des solidarités traditionnelles et des repères, la gauche a entrepris une œuvre de recomposition de la société par l’accueil et l’amour immodéré de l’Autre.

 

Lire aussi : Terrorisme islamiste, entre manquements, laisser-aller, et occasions ratées

 

Or cet amour de l’Autre est un amour rédempteur. L’immigré, dans ce paradigme, est la nouvelle figure christique de la rédemption, celui qui doit apporter une nouvelle humanité, en lieu et place de l’ancienne, corrompue par notre histoire coupable et les démons de notre identité « occidentale et blanche » selon les termes de Badiou. Il est donc nécessairement, et malgré ses défauts, le bienvenu.

Tant que les débats sur l’immigration seront structurés par un sentiment de culpabilité profondément ancré et par une attitude de résignation devant un phénomène qui dépasse la capacité d’action du politique, nous sommes condamnés à ne pas influer sur la nature de cette immigration.

 

Paul Godefrood

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