Empire Bolloré : Lagardère se fait bolosser 
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Dépêche AFP du 14 août à 8 heures : « La chaîne C8 du milliardaire Vincent Bolloré provoque le débat en consacrant l’essentiel de son antenne dimanche, jour de la fête chrétienne de l’Assomption, à des contenus catholiques... » Jadis, un rédacteur en chef digne de ce nom eût immédiatement exigé de l’auteur d’une telle phrase de récrire son papier par l’apostrophe suivante : « Où est l’info, coco ? » C’est vrai ça ! Que le 15 août, une chaîne de télé d’un pays catholique depuis plus de quinze siècles parle de l’Assomption de la Sainte Vierge, voilà qui est d’une banalité affligeante et ne mérite pas la moindre ligne nulle part, encore moins une dépêche de l’Agence France Presse, sans parler de la multitude de reprises de cette non-information dans toute la galaxie médiatique. Mais nous sommes en France en 2021, et, comme dit le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, « il suffit que la gauche n’ait plus le monopole pour qu’elle crie au fascisme ».
Cette polémique complètement artificielle n’est qu’un épisode supplémentaire de la terreur qu’inspire Vincent Bolloré depuis qu’il a dopé l’audience de CNews – l’ex-iTélé qu’il avait reprise, moribonde – en la « droitisant », ou plutôt en l’ouvrant à des intervenants plus divers que ceux qui squattent les plateaux concurrents. Et voilà qu’il envisage de réitérer l’exploit avec Europe 1, qui a perdu la moitié de son audience en dix ans : sa grille de rentrée, dont nous avons pu prendre connaissance dans les grandes lignes, va susciter des hurlements sur les bancs de la gauche... Une indiscrétion au passage : Mathieu Bock-Côté, justement, en sera – et, histoire qu’il ne vienne pas s’installer en France pour si peu, on va aussi le retrouver sur CNews.
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Bolloré : 2, Macron : 0. Car le président avait tout fait, en 2020, pour empêcher l’homme d’affaires de prendre le contrôle de la radio, mais le Breton têtu (pléonasme) avait fini par obtenir ce qu’il voulait en faisant disparaître le statut exorbitant de commandite qui permettait à Arnaud Lagardère de ne rendre aucun compte de sa gestion à ses actionnaires, dont Bolloré, à travers Vivendi, est le plus important. Le groupe Lagardère est devenu une société anonyme de droit commun. En échange de la promesse faite à Arnaud Lagardère d’en rester le patron durant encore six ans, les actionnaires ont désormais leur mot à dire. Cela signifie-t-il qu’après Europe 1, Paris Match et Le Journal du Dimanche – autres propriétés de Lagardère – vont voir leur ligne éditoriale modifiée ? Rien n’est moins sûr. [...]
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