Tribune libre de Sabrina Arnal
Présidente Les Républicains-Sorbonne
Vice-présidente de l’Union des Jeunes pour le Progrès
Nous sommes peu visibles et pourtant nous voilà. Nous, étudiants des universités opposés aux méthodes répressives de ceux qui empêchent les partiels d’avoir lieu, de ceux qui contraignent, de ceux qui accablent. Des étudiants de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne ont été privés de partiels par d’autres étudiants “grévistes”.
Que certaines personnes soient engagées dans une lutte politique, un combat idéologique, est une chose, mais c’est une toute autre proportion que prennent les mobilisations puisque des étudiants ayant la volonté d’aller au bout de leurs partiels, de composer, en ont été privés. Aujourd’hui, c’est la parole d’une minorité oppressive qui est le plus souvent relayée. Pourtant, pour la majorité d’entre nous, l’université se doit d’être un lieu d’excellence, où le mérite est récompensé. Il est inacceptable de punir -parce qu’il s’agit bien de punir- les gens qui souhaitent montrer qu’ils sont méritants et à la hauteur de leur cursus. La parole de l’opposition doit être portée, aussi fort que cela est nécessaire.
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Au grand dam des bloqueurs, il y a des étudiants qui souhaitent étudier. Il y a des étudiants qui veulent ériger leur formation à la hauteur de ce que le système universitaire français revendique ; à la hauteur de ses prétentions d’excellence. S’il semble en effet logique pour la majorité qu’une année universitaire soit clôturée par une évaluation des connaissances et des apprentissages, l’heure est plutôt à la censure qu’à la discussion, à la parole unique qu’à l’opposition constructive. Et lorsque finalement, comme le disait Platon, “les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie”.
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Dès lors qu’une voix veut s’élever contre l’oppression et pour son droit d’apprendre, la voilà violemment réprimée, violentée. Voilà la réalité du monde universitaire français d’aujourd’hui, qui se délite au fil des mois, sous la pression des étudiants bloqueurs et des administrations complices. La sécurité et la sureté manquent à l’appel et l’assurance d’un avenir décent pour les étudiants est plus que jamais menacé. Il n’y a plus personne pour contrôler les débordements, plus personne pour assurer le déroulement normal d’une année universitaire. Visiblement et malheureusement, la méritocratie est devenue un gros mot; le travail devenu servitude alors qu’il devrait être valorisé et valorisant.
J’ai foi en la force de mobilisation des étudiants en colère et je garde foi en nos universités qui, je l’espère, prendront en compte nos revendications et relaieront notre parole jusqu’au cœur de leurs décisions.