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TRIBUNE : La société civile malgré l’État

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Publié le

8 avril 2020

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L’Incorrect a été pensé pour ouvrir un espace de débat entre toutes les droites. Cette tribune défend une position tranchée qui ne représente pas nécessairement la ligne éditoriale du magazine. 

 

Le 15 mars, quand le gouvernement décidait de maintenir le premier tour des municipales, Bernard Arnault décidait de mobiliser certaines de ses unités de production pour fabriquer et offrir du gel hydro-alcoolique aux hôpitaux de l’AP-HP. Au milieu des réactions, celle de Manon Aubry, députée européenne insoumise, qui préférait souligner les manquements supposés de LVMH quant au paiement de l’impôt et dont pâtirait le système hospitalier français.

 

Qui aurait pu croire que, si tôt, cet échange offrirait une image précise de l’état de notre pays trois semaines plus tard, entre une société civile et un monde économique déployant des trésors de solidarité, d’engagement et d’imagination et un Etat apathique ?

Les grands groupes d’abord. A la suite de LVMH, L’Oréal, Tereos et Pernod-Ricard ont réorganisé une partie de leur production pour assurer l’approvisionnement en gel désinfectant. Air Liquide a attelé une partie de son activité à la constitution de respirateurs artificiels. Décathlon a fait don de dizaines de milliers de masques de plongée adaptés à une utilisation médicale à des hôpitaux européens.

Décathlon a fait don de dizaines de milliers de masques de plongée adaptés à une utilisation médicale à des hôpitaux européens.

Accor, Airbnb ont pris des mesures pour assurer au personnel soignant des solutions gratuites d’hébergement. Dassault a mis à la disposition de l’armée deux avions d’affaires pour transporter ces personnels soignants. Tant d’autres, dans les transports, l’agroalimentaire, la grande distribution, la pharmaceutique, participent depuis à cet élan de mobilisation nationale.

Les PME et TPE ensuite. Qu’elles soient tech, comme NG Biotech dont le test permet en quinze minutes de dépister un patient, ou artisanales, à l’image de la filière textile qui recycle les tissus pour la confection de masques.

Le secteur associatif aussi. A l’heure où l’immense majorité obéit à l’injonction du confinement, ces anges gardiens continuent d’aller à la rencontre des plus fragiles que la solitude qu’apportent des rues désertes et des lieux de sociabilité fermés alourdit le malheur quotidien.

 

Lire aussi : Système technicien et coronavirus : une sacralisation désastreuse

 

Quant à nos héros, médecins, personnels soignants et personnels support, membres de la réserve sanitaire, il n’est rien à dire qui n’ait déjà été dit pour rendre hommage à leur courage.

Et face à la résurrection des solidarités traditionnelles, à l’invention de formes nouvelles de cohésion dans le secret feutré des cages d’escalier ou des chemins de traverse de nos territoires ruraux, le spectacle affligeant de l’amateurisme politique.

Une pièce de théâtre où les protagonistes compensent leur incapacité chronique à prévoir et gérer l’exceptionnel par une capacité rare à récupérer les actions des uns et gloser sur les erreurs des autres : la fermeture des frontières devenue souhaitable après avoir été critiquée pour son inutilité, voire sa xénophobie latente ; le premier tour des élections validé par tous et le second reporté à la demande générale ; les dépistages à grande échelle envisagés à mesure que leur possibilité augmente ; le port de masque déconseillé puis vivement recommandé ; ces mêmes masques sans cesse commandés mais toujours invisibles ; etc.

Malgré les rodomontades des oppositions, celles-ci n’ont pas intérêt à trop hausser le ton si elles ne veulent pas se retrouver sur le banc des prévenus, tant la dépendance au marché asiatique, la déconsidération des frontières, l’obésité de l’Etat et son incurie, la reproduction des élites et de leurs solutions qui n’ont jamais réglé un seul problème, sont un mal profondément ancré.

Si seulement le cirque politique se bornait au jeu de dupes qu’est devenu le débat politique… Mais voilà que ces circonstances morbides ne troublent pas le moins du monde le combat de sape de notre unité nationale et que cette pandémie apparait à tous les idéologues comme une rampe de lancement.

Pour l’environnementalisme, version Greta Thunberg, qui associe le virus au changement climatique et qui questionne, à l’image de Delphine Batho l’éventualité de sauver toutes les banques et les compagnies aériennes. Pour le féminisme, version Lauren Bastide, représenté ici par François Crémieux, DG adjoint de l’AP-HP et surtout ancien conseiller de Marisol Touraine, qui appuie le contraste entre la présence des hommes autour du Président et sur les lits de réanimation et celle des femmes parmi les soignants.

S’il est une boutique qui ne ferme pas, même en temps d’épidémie, c’est bien celle du business victimaire.

Pour l’antiracisme, version Rokhaya Diallo, pour qui le virus révèle surtout celui du «privilège blanc». Pour l’économisme, version soviétique, avec François Ruffin qui voit dans le rationnement britannique la raison de la baisse du taux de pauvreté et de la hausse de l’espérance de vie.

 

Lire aussi : L’Incoronavirus jour 22 

 

S’il est une boutique qui ne ferme pas, même en temps d’épidémie, c’est bien celle du business victimaire.

Le Président de la République a affirmé que le monde d’après ne serait plus le même que celui que nous avons connu. Que chacun songe à l’agilité mêlée d’enracinement proposée par la société civile et le monde économique, à la dignité des Français et leur engagement au service de chacun. Puis constatons l’ankylose de l’Etat et le niveau du débat politique. Ce sera déjà une première piste de réflexion sur les réformes à mener.

Paul Godefrood 

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