[qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]M[/qodef_dropcaps]ars 2012. La région toulousaine découvrait avec horreur et stupéfaction le terrorisme islamiste moderne. Mohammed Merah, petit voyou de ces quartiers qu’on qualifie pudiquement de « populaires », quand le plus souvent le peuple de France les fuit, tuait à sept reprises, dont trois enfants de l’école juive Ozar Hatorah.
Le djihad de Mohammed Merah s’arrêtait quelques jours plus tard au terme d’un siège de 32 heures devant son petit appartement situé en plein cœur de la ville rose, après que les rumeurs les plus folles ne se soient propagées, du tueur néo-nazi à l’émule du Zodiac américain. Ils ont été nombreux à tenter de minimiser les faits, à relativiser ou à considérer que le jeune Merah n’était qu’un « loup solitaire », sinon à fantasmer sur un sinistre complot ourdi par le « système ».
Evidemment, ils se trompaient tous. Mohammed Merah n‘était rien de moins que le patient zéro du néo-djihadisme, le modèle d’une génération en guerre contre la France, contre l’Occident et contre ce que nous sommes. Les filles des cités ont pleuré sur son cadavre sans que personne ne comprenne alors de quoi il en retournait, écrivant des poèmes en hommage au “martyr” ou regrettant de ne pas avoir pu l’épouser. Quant aux garçons, ils l’admiraient, brûlant de l’envie de l’imiter pour mourir au service d’une cause, celle de l’islam. SI Khaled Kelkal était un homme cultivé et formé, ses successeurs seraient des délinquants multirécidivistes, rendus insensibles par la sous-culture des ghettos et une vision religieuse archaïque, des damnés de la terre comme en rêvait Franz Fanon, entretenus dans leur victimisation par une France « trop bonne mère ».
Un peu plus de cinq ans après les faits, la France n’a toujours pas su se défaire du danger terroriste. Dans cette ambiance trouble, s’ouvre le procès du clan Merah, une fratrie liée aux filières islamistes toulousaines, tant celle d’Artigat du charismatique Olivier Corel, de son vrai nom Abdulilah Qorel, que celle des caves du Mirail transformées en mosquées de fortune. Nous ne découvrirons pas grand chose que nous ne savions déjà : terrible, commune et emblématique histoire de la descente aux enfers d’une famille de l’immigration par le retour du refoulé identitaire, religieux.
On aura beau gloser, s’agiter et chercher à masquer la réalité, le discriminant commun des terroristes islamistes est qu’ils sont ultra majoritairement issus de familles de culture musulmane, qu’ils soient de nationalité française, binationaux ou étrangers en situation irrégulière. L’immigration extra-européenne aura donc été le principal fait générateur de l’apparition d’un islam de combat sur notre sol. Et que faisons-nous collectivement, en France et sur le continent européen, pour réduire le phénomène ? Nul n’a prétendu qu’il serait aisé de répondre à ces défis majeurs. Toutefois, peut-être devrions nous commencer par prendre quelques mesures de bon sens, de celles qui auraient pu permettre d’éviter le double assassinat de deux jeunes filles dans la gare Saint-Charles de Marseille par exemple.
Ahmed H. ? Bachir H. ? Salahdine H. ? Yanis H. ? Autant d’identités derrière lesquelles s’abritait ce délinquant d’habitude (arrêté en situation irrégulière en 2005 en possession de stupéfiants, appréhendé pour port d’arme prohibé en 2014…), qui a égorgé Laura et Mauranne au nom d’Allah. Le vendredi 29 septembre, soit deux jours avant la commission de ses meurtres, ce « vagabond » était une nouvelle fois interpellé à Lyon pour des faits de vol à l’étalage, avant d’être placé en garde à vue puis relâché dans la nature comme il se doit. Par la suite, celui qui s’était présenté comme un ancien « amateur de drogues dures » n’aura pas été placé en Centre de rétention administrative en vue de son expulsion ; faute de place ou pour cause d’absentéisme d’un fonctionnaire, les sources divergent. Reste que la France paie chèrement les conséquences de la loi du 31 décembre 2012 supprimant le délit de séjour irrégulier, alors perçue comme une simple mise à jour du droit français au regard d’arrêts constants de la Cour de justice de l’Union européenne.
De ces « détails », les cerbères de la diversité n’ont cure, préférant dénoncer la société patriarcale ou le système oppressif postcolonial, s’égosillant contre les mesures liberticides que contiendrait en germe le tout petit projet de loi terrorisme porté par le gouvernement… Combien de morts supplémentaires avant que tout ce petit monde ne se décide à déciller leurs yeux et à appliquer la formule employée par Riss sur la dernière couverture de Charlie Hebdo : « Merah, loup solitaire ? Abattez le troupeau ! » ? Peut-être faudrait-il y rajouter les gardiens du troupeau…