
J’aime la période de l’Avent pour d’autres raisons que lorsque j’étais enfant et quoi qu’il s’agisse de raisons proches. Il est toujours question d’attendre que quelque chose advienne, de cultiver cette attente, une mise sous tension dans les nuits étirées. Les guirlandes électriques ornant les vitrines sont un bel indice du phénomène. Sauf que je n’attends plus une pile de cadeaux mais l’accomplissement de grandes promesses par lesquelles m’arracher à la mort, qu’il s’agisse de la mort physique comme de la mort spirituelle, la seconde, contrairement à la première, se présentant sans cesse à nous. On meurt par l’oubli de notre vocation profonde ; on meurt par fatigue, à ne plus rien chercher de neuf dans les plis de l’existence ; on meurt par relativisme, surtout aujourd’hui, à tout confondre pour ne plus rien assumer, laissant ce qui compte crever sous l’avalanche du factice. Comme le fait l’Europe depuis plus d’un demi-siècle.…