Skip to content
Paris 2024 : Jeux explosifs
Déjà dans leur enfance grecque, les Jeux olympiques, censés donner lieu à l’ekekheiría, la trêve sacrée, ont été au cinquième siècle le théâtre d’une rivalité entre Athènes et Sparte, dans les décennies qui précèdent la guerre du Péloponnèse. Le drame du sport consiste en son emprisonnement dans une politisation à laquelle il cherche à échapper depuis son origine. Coubertin, pétri de culture antique et animé par l’idéal aristocratique, désirait en relançant l’idée olympique échapper à tout prix à la politisation du sport, le constituer comme voie vers l’amitié entre les peuples. Mais le sport, par l’imaginaire viril et guerrier à sa racine et par sa capacité à mobiliser les masses, a très vite été récupéré par les machines étatiques en quête de puissance au XXe siècle. Chacun a en tête le faste déployé par le IIIe Reich en 1936 lors des Jeux olympiques de Berlin pour montrer à la face du monde la prétendue supériorité du nouvel homme national-socialiste. Ensuite, c’est la rivalité entre l’URSS et les États-Unis qui a constitué le principal enjeu de la géopolitique sportive, jusqu’à la chute du bloc de l’Est. Depuis, loin d’être rendu à ses idéaux premiers, le sport s’est au contraire toujours plus mêlé d’intérêts, notamment du fait de l’accélération de la mondialisation qui lui a accordé une importance financière et médiatique inédite. [...]
Européennes : Giorgia Meloni en marche vers le triomphe
En Italie, la campagne bat son plein, au risque de créer des tensions au sein de la coalition gouvernementale, dont les divergences de vues sur l’Europe se révèlent dans la diversité des slogans. Pour Antonio Tajani (Forza Italia, PPE), l’actuel ministre des Affaires étrangères et ancien Président du Parlement européen, sa candidature est celle d’« une force rassurante au centre de l’Europe ». Son européisme est assumé. Mateo Salvini (Lega, Identité et démocratie) espère quant à lui grignoter quelques voix à l’ouragan Giorgia en la doublant sur sa droite. Il renoue pour cela avec le ton combatif qui fut celui de sa précédente campagne : « Plus d’Italie, moins d’Europe. » Aujourd’hui, « Il capitano » est crédité de 8 % d’intentions de vote. Le centre de gravité de la coalition de droite s’est déplacé, Fratelli d’Italia tient solidement le leadership. [...]
Pour une politique africaine de la France plus pragmatique
La France n’est plus en odeur de sainteté au Sahel. En témoigne notre éviction du Mali, du Burkina Faso et du Niger sous le prétexte d’incapacité à réduire les groupes terroristes de la zone. Pour autant, la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui en est résulté témoigne aussi de la méfiance pour ne pas dire de l’opposition de ces trois pays envers la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), traitée comme une organisation néocoloniale, incapable de coordonner les actions des pays d'Afrique de l'Ouest, ce qui n’est pas faux. Cette évolution concerne aussi l'Union européenne et tout l'Occident puisque les troupes américaines sont appelées à quitter aussi le Niger, un coup de pied aux fesses, comme nous. Nous ne sommes donc pas seuls en cause. Un mouvement subversif général ourdi par la Russie est en train de s’installer en Afrique, afin de prendre notre place, notamment militaire. Cela profite à court terme à certaines élites africaines qui ont pris le pouvoir et fait monter les enchères, faute de pouvoir compter sur les solidarités africaines. Nous n'avons pas su ou pu contrarier ce mouvement qui profite aussi à la Turquie et à la Chine. Un millier de mercenaires syriens ont été envoyés au Niger pour protéger les intérêts turcs. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, ces combattants syriens venant des régions sous contrôle turc sont partis au Niger depuis un an pour y « protéger des intérêts et des projets turcs ». Cette tendance semble se développer dans d’autres pays de l'Afrique de l’Ouest (Sénégal, Tchad, Guinée) alors que l’Afrique centrale semble pour le moment y échapper [ ... ]
Le Père Alessio, dernier missionnaire auprès des enfants karens
Pour rejoindre Umphang, depuis Mae Sot, la ville la plus proche, il faut parcourir la «?route de la mort?». 283 kilomètres de virages qui longent la frontière birmane, parcourus par quelques courageux songthaews, des taxis collectifs locaux. Les antiques véhicules, remplis de passagers jusqu’au toit, cahotent et passent difficilement les récifs montagneux. Des voies minuscules à flanc de côteaux, nichées dans une nature luxuriante et des paysages qui alternent entre forêts tropicales, vallées verdoyantes et champs où s’affairent des paysans thaïlandais, comme une vaste image d’Épinal. Si la «?route de la mort?» a été surnommée ainsi en raison des affrontements entre rebelles qui n’ont plus cours aujourd’hui, elle reste une barrière naturelle impressionnante?: peu de touristes s’aventurent dans ces contrées oubliées de la Thaïlande, loin des plages paradisiaques et des restaurants de luxe de la capitale [ ... ]
Bagrat, l’évêque symbole de la résistance arménienne

« Arménien, Arménie, Patrie et Dieu ! » C’est avec ce slogan qui marie la nation à la religion que Bagrat Galstanyan, l’archevêque du diocèse de Tavouch, a entamé le 4 mai une marche depuis sa province en direction de la capitale. Son but est de protester contre la énième abdication du Premier ministre Nikol Pachinyan face au régime criminel d’Ilham Aliyev, en l’occurrence, la cession de quatre villages arméniens frontaliers.

Le mouvement contestataire baptisé « Tavouch au nom de la patrie » est arrivé le 9 mai – jour de la commémoration de la victoire de 1945 contre l’Allemagne nazie – à Érévan où s’est tenue une manifestation qui a réuni plus de 50 000 personnes. Depuis, ce courant pacifique qui réclame prioritairement la démission de Pachinyan prend de l’ampleur. Pris de panique, celui-ci a jeté le masque du démocrate pour montrer son vrai visage, celui d’un dictateur dont la police a déjà violemment appréhendé plusieurs centaines de manifestants.…

[Tribune] Slovaquie : l’autre laboratoire de la recomposition idéologique en Europe
Depuis l’arrivée au pouvoir en 2010 de Viktor Orbán, le centre géopolitique de l’Europe centrale s’est déplacé à Budapest, et la Hongrie est en permanence au centre de l’attention des observateurs politiques continentaux (et au-delà). Le concept d’« illibéralisme », ou ?une manière plus générale la recomposition idéologique entre les mondialistes et les patriotes, est donc mis
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
L’Alliance des États du Sahel est-elle viable ?

Les trois dernières années auront vu des bouleversements dans la géopolitique sahélienne. D’abord, avec trois coups d’État au Mali, Burkina Faso et Niger, en lien avec un rejet de la présence française et encouragés par une subversion russe que notre pays n’a pas su anticiper. S’en est suivi l’annonce, le 28 janvier 2024, d’une sortie de ces trois pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avait condamné les trois putschs et pris des sanctions en réaction. En substitution, ces trois pays ont créé l’Alliance des États du Sahel (AES), nouvelle organisation sous-régionale. Ils ont également décidé de quitter le G5 Sahel, destiné à lutter contre le djihadisme et tenu à bout de bras par la France, ce qui a fait éclater cette organisation.

Lire aussi : Dissolution du G5 Sahel : nouvel échec pour la politique africaine d’Emmanuel Macron

Alors que le Sénégal voisin, que l’on croyait stable, est aussi en crise institutionnelle violente, que les rebellions touareg refont surface au Mali, que l’État islamique continue à gagner du terrain, que la solidarité régionale est en déliquescence, on peut se poser la question de la durabilité de cette nouvelle alliance, issue d’une solidarité révolutionnaire de circonstance.…

Patrick Forestier : « La Russie de Poutine est certainement plus dangereuse que celle de Brejnev »
La France est-elle visée en particulier par la Russie de Vladimir Poutine ? Pour Poutine, l’ennemi principal reste les États-Unis. En Europe, la France est une cible de choix du fait de sa place au Conseil de sécurité de l’ONU et de son poids géopolitique et militaire, surtout en Afrique. On vient de le voir […]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect numéro 77

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest