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Dans les couloirs du temps
Évoquons Théodore Dablin (1783-1861), un homme qui mérite de retrouver sa place dans notre mémoire. Héritier d’une lignée de serruriers royaux, il trouva dans la quincaillerie parisienne le tremplin d’une fortune qui, tôt assurée, lui laissa tout loisir de se consacrer à ce qu’il aimait vraiment. S’il fut le « premier ami » de Balzac, inspirateur confident de ses premiers pas et discret créancier de ses incorrigibles dettes, c’est surtout dans l’art de collectionner qu’il se révéla. [...]
Vêtement technique
La plupart du temps, le vêtement dit « technique » a mauvaise presse. Polaires, sacs de rando, chaussures de trekking, pantalons à poche en synthétique : vous voyez bien le truc, ça n’aurait normalement rien à faire dans ces colonnes. Loin de nous l’idée de faire l’apologie de la « meuf Quechua », ou du « mec Quechua » d’ailleurs. C’est une silhouette qui, au passage, est le plus souvent associée à la génération des boomers, qui vont digérer leurs retraites géantes sur les sentiers de grande randonnée, en attendant que leurs enfants meurent sous le knout des impôts, pour payer le modèle social que le monde entier nous envie. [...]
Les assiettes vides sont-elles de droite ?
Il est entendu qu’il faut finir son assiette. On finit pour honorer celui qui a rempli l’assiette (quand il s’agit d’un parent miséricordieux, il diminue la proportion de gratin de poisson et augmente celle des frites), on finit parce qu’il ne faut pas gâcher. Perce là une légère perversion : au nom du refus du gâchis, n’introduit-on pas une notion de valeur financière du contenu de l’assiette au détriment de sa valeur d’usage et de sa valeur affective ? Finit-on l’assiette parce qu’on connaît le prix au kilo de la côte de bœuf ou pour ne pas désoler cette tante qui s’évertue à gaver ses invités car l’abondance est le signe de l’affection ? Ma tante Jacqueline nous recevait avec de fastueux plateaux de petits fours sucrés. Mon père, d’un regard impérieux, nous indiquait qu’il fallait aussi déguster les choux à la crème recouverts d’un écœurant glaçage rose ou vert. La politesse (la civilisation, donc) exigeait que le plateau fût presque vide ; presque mais pas totalement car de même que l’assiette doit être vide, le plat ne doit pas être vidé, (sauf dans le joyeux élan d’une gourmandise enthousiaste qui réjouit le cœur de la maîtresse de maison). C’est à ce genre de subtilités qu’on reconnaît l’antiquité et la solidité des mœurs d’une nation. Quant aux deux choux qui se battaient en duel dans la porcelaine, tante Jacqueline nous obligeait à les remporter, version ménagère du doggy bag. [...]
Whisky français : cocorico dans les spiritueux
Après une journée de labeur, l’invétéré buveur nocturne avait le choix autrefois entre un whisky écossais et un bourbon américain. Il y a trente ans, les distilleries françaises qui produisaient du whisky se comptaient sur les doigts de la main droite. Aujourd’hui, elles sont présentes dans toutes les régions. Il est loin le temps où les Français excellaient uniquement dans le vin. À l’exception du cognac et de l’armagnac, les spiritueux étaient alors irlandais ou écossais. Le marché national demeurait toutefois protégé de leur intrusion. Mais l’américanisation de la société popularisa le whisky. Humphrey Bogart avec son imper immaculé fut le minaret de la lessiveuse à cerveau. Le bon Gaulois attaché à son terroir se mit à ingurgiter la sanie anglo-saxonne. Il était temps de réagir. [...]
Partout les saints : saint Bartolo Longo
Il y a des conversions plus spectaculaires que d’autres. Certaines se font dans le secret des cœurs ; pour d’autres, on a l’impression que ça n’a pas été très compliqué (comme pour sainte Thérèse), mais au fond, on n’en sait rien… Et puis, il y a Bartolo Longo, médium sataniste puis apôtre du Rosaire. Attention, c’est du lourd. [...]
La dignité des profs
Ça y est, c’est la rentrée. Vous avez déposé vos enfants à l’école, ou ils se sont déposés tout seuls, et les réunions de rentrée ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez. La perspective de cette soirée inutile vous exaspère déjà : assis sur une chaise en bois à la place qu’occupent vos enfants, vous subirez à la fois les péroraisons pédagogiques, les explications picrocholines sur les choix de fournitures, et le comportement (mélange de prétention et d’infantilisation) de gens qui, bien souvent, sont à la fois plus jeunes et moins malins que la plupart des parents d’élèves. Mais surtout, ce qui vous choque chaque année – et comme vous avez raison –, c’est le look des professeurs. [...]
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Joël Anglès d’Auriac, un routier contre le nazisme
Né en 1922 à Toulon, baptisé à Saint-Louis, près de l’arsenal, Joël Anglès d’Auriac est un jeune homme lorsque la guerre éclate. Il a eu une enfance plutôt normale, dans cette ville de soleil et de Méditerranée, faite pour une certaine indolence. Il est parti en 1940 pour Brest puis Londres, avant de se réfugier au Maroc pendant un an. En 1941, il est de retour dans sa ville. C’est alors l’âge d’or du scoutisme français, avec ses figures magnifiques (le P. Doncœur, le P. Sevin et tant d’autres) et son aventure au grand air. Le jeune Joël devient scout sur le tard, semble-t-il, puisque c’est en cette même année 1941, toujours à Toulon, qu’il prononce sa promesse au sein du clan Saint-Martin. Il vient d’avoir dix-neuf ans et prépare Saint-Cyr, alors replié à Aix. En 1942, il participe au pèlerinage des routiers au Puy-en-Velay. La guerre pourrait le laisser tranquille, mais, en 1943, il est tout de même convoqué par le Service du travail obligatoire, le STO. La même année, il a fait son départ routier, où il a prêté serment de rester droit « dans ce monde de tricheurs ». D’abord réfractaire, il finit, de mauvaise grâce, par se rendre en Allemagne au troisième rappel. [...]
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Une histoire française : la madeleine
« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe) quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. »
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