[qodef_dropcaps type=”normal” color=”red” background_color=””]S[/qodef_dropcaps]i vous n’avez pas grand-chose à dire, faites comme Laurent Joffrin : parlez des conservateurs et des musulmans, et faites croire que les premiers sont obsédés par les seconds. Nous devons aujourd’hui le confesser, l’oreille basse, à notre lecteur, qui est très certainement conservateur par quelque côté: en deux numéros, non seulement nous n’avons jamais parlé des musulmans, mais surtout, maudits soyons-nous jusqu’à la treizième génération, l’idée ne nous en a pas traversé l’esprit.
Il aura fallu un cocasse éditorial du suscité directeur de Libé, ou de L’Obs, on ne sait plus, bref d’un canard subventionné de gauche, pour que notre faute nous éclate au visage : il est interdit de faire un journal qui ne parle pas des musulmans. C’est sans doute le nouveau péché du temps : le racisme par omission. On est tenu, quoi qu’il se passe, quoi qu’il arrive, d’avoir un avis sur l’islam et les musulmans.
Nous allons donc donner notre avis, par correction. On aurait envie de dire que l’islam n’est pas notre problème, mais c’est impossible, il l’est devenu, bien malgré nous. Malgré nous en effet, car c’est un produit d’importation récent en Europe, dans cette Europe qui s’est bâtie depuis deux mille cinq cents ans, rappelons-le pour les sourds et les aveugles, dans un vase grec, derrière un pilum romain, sur le carreau d’un temple juif et à l’ombre de la croix du Christ. L’islam, quoi qu’en disent certains rectificateurs de mémoire, n’a jamais été pour nous que l’extérieur, généralement hostile, le miroir inversé, et réciproquement. L’islam est une civilisation autonome, gouvernée par ses propres lois, et des colonnes d’Hercule à la cour de Karakorum, la compétition fut 1500 ans durant féroce entre elle et nous.
Nous sommes contre le multi-civilisationnisme. Et nous tiendrons la ligne, tels les morpions de Joffre.
Nous autres Européens qui avons changé la face du monde, que l’on s’en plaigne ou que l’on s’en réjouisse, l’avons aussi changé en ceci qu’au prix de longs efforts sur nous-mêmes nous avons admis l’exercice de certaines libertés jadis impensables, telle celle de religion. Aussi la personne musulmane est-elle bienvenue chez nous, et l’exercice de son culte protégé. Outre que l’on aimerait que la réciproque soit vraie dans les pays dits musulmans, la question que pose cette tolérance devient brûlante ici même : quelle tolérance pour les ennemis de la tolérance ?
Car hélas, et quelles que soient les bonnes intentions des individus musulmans, leur religion qui est aussi par tendance profonde une législation et partant une politique se pratique essentiellement de manière communautaire. Ici se noue la tragédie que tous les Français, fors Joffrin et ses acolytes, voient de leurs yeux naïvement sidérés : la non-assimilation de cette religion par la civilisation française. Mais cette assimilation est-elle possible ? Certainement, car on en connaît quelques exemples historiques, tel celui des Hui en Chine.
Mais elle réclame par principe, et à l’inverse de ce que suggèrent les gauchistes de tout poil, la réaffirmation glorieuse des principes du pays d’accueil. Ainsi, plus il y aura de musulmans en France, plus la France devra porter fièrement ses couleurs. Et des couleurs qui ne sont pas négociables, celles de sa civilisation profonde, qu’il est bien inutile d’énumérer. Nous ne sommes pas contre le multiculturalisme, si l’on considère ce mot dans son sens propre : peu nous chaut que l’on porte la coiffe bretonne, ou le voile de nos grands-mères. Car ce voile on peut l’enlever. Contrairement à l’autre qui fait peur aux enfants dans nos rues. Nous sommes contre le multi-civilisationnisme. Et nous tiendrons la ligne, tels les morpions de Joffre.
Ici s’achève provisoirement cette dissertation, dont nous espérons qu’elle aura plu autant à nos lecteurs qu’à nos contempteurs. Nous avons parlé de l’islam. Car à L’Incorrect, nous sommes là pour vous satisfaire.