N°91

UNE SEMAINE ORDINAIRE À L’ASILE

Dimanche : Place de la République : une centaine de péquenots agite le drapeau français en dégobillant le catéchisme gauchiste plus vite qu’un incontinent. « Patriotes de la diversité », qu’ils s’appellent. C’est beau comme la France « black-blanc-beur » et ringard aussi. La diversité se révèle bien vaste : binationaux, descendants d’immigrés, LGBT et… handicapés, expliquent les patriotes en carton tout heureux de trouver une caméra qui s’intéresse à eux.

Lundi : Le matin, Laurent Nunez, nouveau ministre de l’Intérieur, a triplé le nombre officiel de clandestins sur le sol français en même pas 48h. Ils étaient 200 000 sur BFM, les voici 700 000 sur CNews. Nunez bégaye, s’embourbe, expliquant d’abord qu’on ne peut avoir un chiffre précis avant d’affirmer qu’il connait le nombre, au chiffre près. Bref on ne comprend rien sinon qu’il prend les Français pour des buses. Le soir, Juppé sort de sa réserve de retraités pour se faire lustrer le crâne par le service public. Et pour pas cher, juste une claque à Bruno Retailleau.

Mardi : Une berline noire, des pleureuses et des gyrophares. On croit assister aux funérailles d’un chef d’État ; raté, c’est un ancien président de la République qui s’en va au gnouf. « Il est innocent » s’indignent ceux qui n’ont pas lu une ligne des 400 pages du jugement. D’autres le comparent à Dreyfus. Une équipe de spéléologues part en reconnaissance au Panthéon pour voir s’il reste un peu de place. Il est vrai qu’on n’a pas retrouvé les biftons libyens sous son plumard. On n’a pas retrouvé Delphine Jubillar non plus… Nicolas Sarkozy n’a pas encore passé les portes de la Santé qu’il prépare déjà sa sortie : un phénix moitié Dantès, moitié Jésus. Fossoyeur hier, martyr aujourd’hui : merci, madame le juge, pour l’exécution provisoire.

Mercredi : Emmanuel Macron s’incline de nouveau devant les babouches de l’État algérien. Une passion française depuis 1962. Boualem Sansal croupit toujours dans leurs geôles, qu’importe, rendre hommage aux terroristes du FLN est plus important. Hasard du calendrier, le même jour s’ouvre le procès du monstre qui a tué la petite Lola. Une Algérienne venue avec un visa étudiant pour choper un CAP cuisine. Flanquée d’une OQTF, évidemment l’Algérie a refusé de la récupérer. Leur poubelle s’appelle la France. Le monstre a commis l’un des crimes les plus ignobles des dernières décennies mais Gérald Darmanin se veut rassurant : on a besoin d’immigration, sinon qui va ramasser nos pommes ?

Jeudi : Au nom de la stabilité – l’excuse de la petite caste qui veut garder son strapontin minable –, les parlementaires discutaillent budget. Les retraites à 400 milliards ? On n’y touche pas, les vieux votent encore et en masse. En revanche, on désindexe l’allocation adulte handicapé et on fiscalise les indemnités des cancéreux. Pratique, on ne risque ni l’émeute des tétraplégiques ni la manif des chauves la chimio en bandoulière. Au même moment, au Sénat, Gérard Larcher négocie avec Braun-Pivet, calculette en main. « Et l’euthanasie on y retourne ? Ça nous ferait gagner quelques sous. » En parlant de sous, une grenouille géante squatte la place Vendôme. Une œuvre paraît-il. Le bobo se félicite ; le plouc va encore gueuler, c’est bien la preuve que c’est un plouc.

Vendredi : Jean-Philippe Tanguy et Sarah Knafo s’écharpent. Le premier accuse la seconde de lui piquer ses idées : « Prems » ! C’est vrai que la France souffre d’une pénurie de gauchistes, alors le camp national se crêpe le chignon. Ou peut-être que Tanguy est simple¬ment de gauche, finalement. Pendant ce temps, Marine Le Pen refuse encore l’union des droites — souhaitée par 88 % de ses électeurs. « J’ai un ex-LFIste dans mon QG », se justifie-t-elle. Oui, bon. Moi je connais un type qui a un chien qui aboie en anglais, ce n’est pas pour ça qu’il chante God Save the Queen sous la douche.

Samedi : Bock-Côté, Pabst et Zemmour publient leurs bouquins. Enfin un éclair d’intelligence à l’asile. La France bouge encore sous la camisole. Le constat est partagé mais l’après diverge. C’est déjà beaucoup. Penser ? Une gageure dans un pays qui délire. Dégager n’est pas l’étape la plus complexe ; remplacer en revanche c’est une autre histoire. Les stratégies s’affrontent, ça s’empoigne, ça conspire, bref le combat s’engage. Et c’est dans nos pages : comment renverser les élites qui nous détruisent ?