Gianfranco Rosi a toujours filmé les limbes, que ce soit le Gange à Benarès (Le Passeur, 1993), le périphérique romain (Sacro Gra, 2013) ou des non-lieux parsemés d’âmes errantes tentant de survivre entre deux conflits sans fin (Notturno, 2020). Avec Pompéi, Sotto le nuvole, il transforme Naples en antichambre d’un désastre imminent venu des tréfonds. Pas de bleu outremer à la Sorrentino ici ; le noir et blanc somptuaire, qui semble avoir congédié ses deux pôles au profit d’infinies valeurs de gris, ne parle que du passé dont les traces sont omniprésentes. Les champs Phlégréens, d’origine volcanique, travaillent depuis des millénaires à briser les constructions humaines. Les musées et chantiers archéologiques dessinent l’avenir de notre civilisation, et Rosi filme avec minutie le travail de leurs moines-soldats, avançant sous la pluie ou dans les ténèbres de réserves oubliées, conservateurs ou terrassiers. […]
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