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Avec Robert de Montesquiou Ego imago de Philippe Thiébaut, on mesure ce que l’on a perdu et le gouffre infranchissable qui, en un siècle, s’est creusé entre la célébrité qui avait cours à la veille de la Première Guerre mondiale et celle que l’on nous vend aujourd’hui.
Il faut avoir en tête ce qu’a représenté le comte Robert de Montesquiou-Fezensac, « en sa qualité d’esthète, de dandy et de gentilhomme de lettres […] du début des années 1890 à la veille de la Première Guerre mondiale », soit « l’un des protagonistes les plus en vue du Tout-Paris », comme l’écrit Philippe Thiébaut, pour apprécier les qualités d’un tel livre. Non seulement les photographies agencées par Robert de Montesquiou lui-même dans un album qu’il nomma Ego imago ont un intérêt artistique tout autant qu’une valeur historique et biographique, mais les textes qui les accompagnent sont extraits de ses mémoires, et d’autres encore, d’écrivains qu’il a côtoyés, notamment les frères Goncourt et Marcel Proust au premier chef.
Nonobstant ce qu’il peut offrir d’intérêt aux passionnés de cette Belle époque dont le comte de Montesquiou fut un des princes, le livre impressionne par la qualité et le raffinement de la langue dont usaient non seulement un homme de lettres passablement dilettante tel que Montesquiou – dandy avant tout – mais encore les journalistes, sans nommer, bien entendu, les écrivains de son entourage.
Où l’on mesure ce que l’on a perdu et le gouffre infranchissable qui, en un siècle, s’est creusé entre la célébrité qui avait cours à la veille de la Première Guerre mondiale et celle que l’on nous vend aujourd’hui. Quel homme tenant le haut du pavé et agitant le Tout-Paris saurait aujourd’hui composer quelques-uns des vers même les moins riches du comte de Montesquiou ? Quelle femme pourrait approcher en spiritualité Élisabeth de Clermont-Tonnerre, grande amie de Montesquiou et de Proust, auxquels elle a consacré un livre ? Et quel personnage célèbre pourrait se targuer d’avoir joué pour le plaisir, dans quelque vieille maison de campagne, en compagnie de Sarah Bernhardt et d’avoir inspiré d’aussi nombreux écrivains, par exemple Gide, Proust ou Huysmans ?
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Admettons que Robert de Montesquiou se fût simplement donné la peine de naître, il serait peu ou prou l’équivalent d’un … Frédéric Beigbeder. Il y a de quoi frémir et songer que ce que nous avons gagné en vulgarité, nous l’avons également perdu en beauté. Il n’est pas inutile, de temps à autre, de confronter notre époque à celles passées, afin de nous faire un peu plus humbles et de nous rappeler que le progrès n’est pas une ligne droite, encore moins une fatalité.
Mais si Montesquiou revenait aujourd’hui, il n’aurait pas plus de chances d’être à la fête que Renaud Camus.
Robert de Montesquiou Ego imago
132 pages, 70 illustrations traitées en quadrichromie
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