Grand photographe et incessant voyageur, Bernard Plossu aura néanmoins toujours gravité autour de Paris, sa capitale de cœur. L’album Plossu Paris (Marval – Rue Visconti) témoigne de cette fidélité amoureuse en cinq cents clichés d’une grâce intacte.
Bernard Plossu photographie depuis l’âge de neuf ans, comme en témoigne la première photo en couleur, prise en 1954, place de l’Étoile, de cet album parisien qui couvre plus d’un demi-siècle de photographies (1954-2017). Souvent, je me suis demandé quelle était cette grâce qui habitait l’univers de Plossu. Et j’ai pensé à la Nouvelle Vague, ce grain de folie aimable qui a osé mettre la vie au-dessus de l’art. François Truffaut, Éric Rohmer choisirent l’audace de la sincérité, de la candeur. C’est ce qui fait que tant de scènes, de dialogues ont conservé un charme inouï dans notre souvenir. Il émane des photos de Plossu cette énergie de la vie proche de ce cinéma, l’énergie du naturel, de l’absence de calcul. Son défi à la beauté, c’est « ne jamais faire quoi que ce soit pour plaire ». Et c’est ainsi qu’il ne s’est jamais trouvé prisonnier des modes. Plossu est un peu un Français idéal, comme l’écrivait Antoine Faugères de Truffaut il y a vingt ans dans Le Lecteur. C’est-à-dire un artiste qui, quasiment à son insu, laisse entrevoir la poésie, la douceur, la délicatesse toutes françaises auxquelles aspirent le lecteur, le spectateur. Un quartier de Lisbonne ou une île de la Méditerranée, un coin d’Afrique ou d’Asie ou d’Amérique saisis par son regard deviennent le patrimoine du photographe et du photographié. On peut voyager aussi loin que l’on veut, mais il faut bien revenir quelque part (…)
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