Elle est partout ! Elle a ses festivals, ses prix, ses critiques dans la rubrique « livres » des magazines, ses journées d’étude universitaires. Son empire ne connaît pas de bornes, elle embrasse tous les registres : BD historique, biographique, BD de sciences humaines, BD-reportage. Les grands classiques de la littérature et de la philosophie se voient retraduits dans la langue du dessin et des bulles. Elle pénètre l’enceinte des écoles – en 2016, vingt-huit titres de bande dessinée figuraient dans la « liste de référence des œuvres de jeunesse » des classes de CM1, CM2 et 6e. Elle investit les musées et, last but not least, qu’a-t-on envoyé en guise de cadeau d’anniversaire à l’astronaute Thomas Pesquet encapsulé dans l’espace ? Une bande dessinée.
Elle est partout. Et elle est intouchable. L’unanimité règne autour de ce médium que l’on pare de toutes les grandeurs et vertus. Refuser de ratifier béatement le verdict universel, interroger la légitimité de son introduction à l’école, remettre tout simplement la bande dessinée à sa place, c’est ipso facto se rendre suspect et signer son appartenance au camp des crispés, des frileux, bref des réactionnaires. Et pourtant, certaines questions mériteraient d’être posées : que dit de nous, de notre présent, cette promotion et cette extension infinie du domaine de la bande dessinée (...)
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