Selon vous, la modernité a semé la confusion entre le théologique et le politique. Comment cela nous est-il arrivé ?
Ce qu’on appelle la modernité n’a d’autre projet qu’elle-même, c’est-à- dire d’être chaque jour plus nouvelle. Et plus autonome, déracinée, atomisée. À la fin du XVIIIe siècle, l’Europe philosophe proclame la mort de Dieu. Sur ce grand cadavre, l’homme va pouvoir construire son destin, s’auto-construire, devenir son propre dieu. C’est le programme « Prométhée », voler le feu sacré. La marche du progrès doit être irrésistible. L’avènement glorieux de la raison est appelé à illuminer la longue nuit de l’obscurantisme. La religion va servir de marqueur à tout ce qui est censé contredire les Lumières: l’illusion, la violence, le particularisme. Les Encyclopédistes lui inventent une légende noire, celle du sombre Moyen Âge, des Guerres de religions et de l’Inquisition. On la résume à une pathologie. Elle est chargée de tous les maux. Cette conceptualisation est pourtant un artifice sans consistance réelle. La science des religions, qui naît en même temps, finira par (...)
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