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À l’heure des bilans, Marc Alyn, né poète le 18 mars 1937 à Reims, salué par Philippe Soupault, André-Pieyre de Mandiargues et Claude Roy, publie un volume de mémoires incandescent qui sont autant de chapitres éclairés par la lumière chatoyante des rencontres, des volets d’une vie marquée par le sceau d’une certaine mystique, qui confondrait le ciel et les étoiles, les éclats du langage et l’invention d’un monde à soi.
Quand, lassé de Paris, Marc Alyn rejoint les terres d’Uzès avec sa première épouse, sentant l’ombre de Jean Racine hanter « encore les pavés des ruelles somnolentes où le temps semble s’être immobilisé », il appréhende alors la nature avec de nouveaux yeux. Du plus lointain qu’il se souvienne, il date sa « relation amoureuse avec la Nuit » à l’été 1944 alors qu’il explore « les nappes insondables de l’imaginaire » dans les entrailles de la maison familiale sous un ciel de feu. Cette messe quasi cosmique donnera naissance à son recueil Nuit majeure. « Ainsi naquit le poème conçu comme un labyrinthe dont le Minotaure eût été le poète lui-même le captif de sa vie intérieure et, plus largement, du monde contemporain privé de ses racines spirituelles. », écrit-il.
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Poète hors norme, écrivant un Dictionnaire des auteurs français aux éditions Seghers, entraîné à Arts, et au Figaro littéraire pour y donner des critiques, il appliquait « d’instinct le programme de Barrès : Avant tout, être bien élevé ». Le voilà tentant de rester fidèle à sa promesse de jeunesse : « Devenir poète à temps complet pour le reste de mes jours, quoi qu’il pût m’en coûter ». Il dessine alors les portraits sensibles de Nimier, Blondin, Huguenin, Mauriac (lequel reconnaît en lui un poète « indifférent aux modes intellectuelles »), ou Lawrence Durrell avec qui il partage un même intérêt pour l’ésotérisme. Le voilà conquis, comme lui, par « L’Orient, notre patrie primitive », selon le mot de Rimbaud. On comprend mieux alors ses voyages à Byblos, Balbec, Beyrouth et Bagdad, clamant dans Le Livre des amants : « Je vais en Orient comme on va aux fontaines / boire après tant de soifs la seule eau souveraine ».
Poète hors norme, écrivant un Dictionnaire des auteurs français aux éditions Seghers, entraîné à Arts, et au Figaro littéraire pour y donner des critiques, il appliquait « d’instinct le programme de Barrès : Avant tout, être bien élevé ».
Ces empires disparus et cet amour naissant (après son divorce il épousera une Libanaise) entraînent Alyn au seuil d’un nouveau cosmos, malgré les maladies et les opérations (notamment du larynx). On le retrouve à Venise, à Montmartre puis aux abords du parc Monceau, blessé mais lumineux, citant le mot d’Yves Klein : « Celui qui ne croit pas au miracle n’est pas réaliste ». Fort d’un style magistral, Marc Alyn vient de rédiger un livre émouvant, partagé entre le commentaire d’une vie et le récit d’un astre sans cesse renaissant.
Marc Alyn : Le Temps est un faucon qui plonge, Mémoires.
Pierre-Guillaume de Roux, mars 2018.
205 p. – 23 €.
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