Quel regard portez-vous sur la situation de la France actuelle ? Crise de régime, crise politique ou crise institutionnelle ?
Adrian Pabst : C’est tout d’abord une crise économique. Le modèle économique est en morceaux, le problème est structurel car l’État providence n’est plus du tout en mesure de continuer tel qu’il est. C’est aussi une crise politique puisqu’il n’y a plus de majorité, et c’est une crise institutionnelle puisque le fonctionnement du Parlement comme de la présidence est remis en cause. Enfin, c’est une crise de la démocratie en raison de la déconnexion des élites vis-à-vis du peuple, notamment sur l’Europe, l’immigration de masse et la mondialisation. Les institutions ne représentent plus le peuple. La crise du gouvernement représentatif est une crise de légitimité.
Mathieu Bock-Côté : C’est avant tout une crise de régime mais qui s’ancre dans le temps long et qui repose sur les conséquences du cordon sanitaire. Un « front républicain » qui ne date pas de 2024. À quoi insistons-nous depuis la fin des années 80 ? Une part de plus en plus grande du peuple français est renvoyée dans le camp des factieux et accusée du délit d’antirépublicanisme. Je me permets de rappeler qu’à la présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour étaient peut-être dans l’impossibilité de se présenter pour manque de signatures alors qu’ils représentaient près de 50% de l’électorat. Et certains s’en félicitaient ! Aujourd’hui, le décor démocratique des temps ordinaires s’effondre et laisse apparaître une élite qui veut conserver le pouvoir à tout prix. On limite l’accès des insurgés à l’Assemblée nationale, et quand ils y arrivent, on les délégitimise et s’ils gagnent les élections, le régime se verrouillera. […]
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