En demandant que ces lettres soient publiées bien après leur mort, ils souhaitaient s’épargner quelques vaines polémiques avec des confrères qu’ils méprisaient. Et puis, étrangement, ces pessimistes pariaient sur l’intelligence des générations futures. Ils ne pouvaient imaginer le lectorat actuel, partagé entre susceptibilité criarde et placidité bovine.
Concernant cette correspondance, celui-ci a choisi la seconde attitude. Il aurait pourtant trouvé, à toutes les pages, parfois à raison, matière à se scandaliser : la liberté de parole, jusque dans l’abjection, sont ceux d’une France haïe, bien que révolue. Ce dernier tome s’inscrit naturellement dans le rythme et le ton des deux premiers. Les deux épistoliers y cultivent toujours leurs dissemblances, conservent leurs manies de félins retraités : Chardonne, vieux matou craintif et ensommeillé, contemple, yeux mi-clos, le monde de sa fenêtre, quand Morand, chat maigre et nerveux, est toujours prêt pour la cavale. [...]
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