En 2006, W. Benn Michaels, professeur à l'université de Chicago, publiait La diversité contre l'égalité, ouvrage dans lequel il avançait que l'injonction diversitaire était apparue lorsque les inégalités économiques s'accrurent à la fin des années 1970, démontrant que « l'inclusivité » n'est qu'une ruse rhétorique de la bourgeoisie progressiste pour éviter de corriger les écarts excessifs de revenus dont elle jouit. Celle-ci met ainsi en avant d'autres disparités, factices ou secondaires, dont l'abolition ne menace en rien son rang, comme l'écrit l’essayiste : « La diversité n'est pas un moyen d'instaurer l'égalité ; c'est une méthode de gestion de l'inégalité ».
De même, la discrimination positive ethnique dans les grandes universités n'est selon lui qu'un « pot-de-vin collectif que les riches se versent à eux-mêmes, afin de se permettre de continuer à ignorer l'inégalité économique », pourtant plus critique dans la réussite scolaire. Au sujet de l'écart supposé de revenus entre les sexes, il ajoute : « Redistribuer les richesses est une chose ; s'assurer que les femmes de l'upper middle class touchent le même salaire que les hommes de l'upper middle class en est une autre. »
L'ouvrage permet de saisir les prémices du wokisme, qu'il faut donc comprendre comme la rigidification totalitaire et religieuse du phénomène dénoncé dès 2006. Ce durcissement woke survint d'ailleurs peu après la crise des subprimes, où apparurent des mouvements contestataires comme « We Are The 99% », dont le nom révèle l’intérêt qu'a la bourgeoisie de s'appuyer sur les minorités identitaires pour balayer la majorité, étant elle-même une minorité économique. [...]
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