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Un Zola de pacotille voit le jour sous nos yeux ébahis : Yann Moix, écrivain et cinéaste, a publié sur Libération, le 21 janvier dernier, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Il s’agit de dénoncer, à ses yeux, les actes « criminels » réalisés à Calais par la police française à l’endroit des migrants. Moix parle notamment de gazage pratiqué par les forces de l’ordre. L’évoquer, c’est nécessairement convoquer la mémoire des crimes nazis. Le vieux slogan de 68 revient en force : « CRS = SS ».
La France aurait donc encore un vieux fond fasciste, voire nazi. Bernard-Henri Lévy a trouvé ainsi, en la personne de Yann Moix, le meilleur de ses disciples. Dans une opération de promotion d’un documentaire que Moix réalise sur la situation tragique à Calais – un documentaire à paraître prochainement sur Arte –, celui qui est devenu l’intellectuel officiel de la rue des Saints-Pères regrette visiblement d’être né trop tard. Il valait mieux être né en 48 qu’en 68. La révolution est passée. Yann Moix voulait en être. Il s’aime et entend bien le faire savoir. Le roman autobiographique intitulé Naissance – grâce auquel l’auteur attitré des Editions Grasset a obtenu, non sans complaisance, le Prix Renaudot 2013 – est clairement l’ouvrage le plus égocentrique que la littérature française ait connu durant ses vingt dernières années. Moix, c’est la multiplication du Moi en mille pages : Moi x Moi x Moi… Voilà un bel avatar de cette époque : la pornographie intellectuelle y rime avec l’égocentrisme culturel.
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Dans les rues de Paris, non loin du Palais de Tokyo, on voit un homme déambuler en faisant osciller sa tête frénétiquement de droite à gauche pour vérifier si quelqu’un ne le reconnait pas par hasard. Seul Jack Lang marche ainsi aux abords de la Place des Vosges. Le meilleur moyen de se faire adorer, non pas par le peuple, mais par les élites qui le chérissent déjà, c’est nécessairement de prendre la défense de la veuve et de l’orphelin dans les médias ; et ce, notamment durant les enregistrements du talk-show de Laurent Ruquier s’intitulant On n’est pas couché : d’abord en tant qu’invité, ensuite en tant que chroniqueur. Durant la promotion de La Meute, un roman publié en 2010 consacré à « l’affaire Polanski », une affaire de viol pédophile datant de 1977 aux Etats-Unis, il va jusqu’à vouloir démontrer que toute cette histoire se réduirait à un vaste complot antisémite.
Pour Moix, penser c’est toujours dire non
Roman Polanski avait pourtant reconnu son crime en 1977 avant de quitter les Etats-Unis. N’arrivant pas à obtenir le succès comme cinéaste, entre Podium (en 2004) et Cinéman (en 2009), Moix avait besoin de se trouver une nouvelle cause à défendre. Faire l’apologie de l’homme-enfant en la personne de Michael Jackson n’avait pas vraiment trouvé preneur (in Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson, ouvrage publié en 2009). Après l’aduléscent, après le juif, et après l’enfant (dont il dénonce, avec raison, la maltraitance dont celui-ci peut faire l’objet), il fallait bien idéaliser le migrant. Yann Moix est un antidreyfusard caricatural : ses modes d’actions relèvent tellement de l’excès et du narcissisme que ceux-ci finissent par desservir clairement les causes qu’il entend traiter.
Dans la lettre ouverte à Emmanuel Macron, Moix finit par dire des idioties. D’après lui, beaucoup des afghans présents à Calais seraient de fins lecteurs de Victor Hugo. Outre les afghans, ne voit-il pas de son estrade que les migrants arrivants à Calais sont en majorité des Soudanais, des Irakiens et des Libyens ? Que dire également de l’exponentielle concentration d’Albanais et de Roms sur l’ensemble du territoire national ? Il y a très manifestement des migrations comme des colères d’opportunité. Encore une fois, Moix veut en être.
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La confession religieuse de ces populations est musulmane. Dans un territoire-éponge, où tout est liquéfié au nom du libre-échangisme, les migrants d’aujourd’hui sont nécessairement les sédentaires de demain. Yann Moix, sur ce point précis, n’hésite pas à être indécent : en septembre 2015, sur le plateau d’On n’est pas couché, il déclara sans vergogne pour contredire puérilement Nadine Morano qu’« un jour, la France pourra être musulmane ». Donc tant mieux. Pour Moix, penser c’est toujours dire non. Faut-il toujours avoir dix-sept ans ? Celui-ci n’avait pas vu venir les attentats de Novembre 2015 ; et ce à quoi il se sentira bien obligé de consacrer un ouvrage (Terreur, publié en 2017). Moix ne badine pas avec l’amour, mais méprise les angoisses d’une France dont il est si éloigné. Dans un ordre islamo-libertaire, ses envolées lyriques trouveront encore à qui plaire.
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