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Elon Musk contre le Commissariat au plan ?

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Publié le

8 février 2018

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Heavy Falcon X. Un nom de jeu-vidéo. Une fusée plus puissante qu’Ariane ou les dernières productions de la Nasa. Une révolution technologique. Un créateur ressemblant à un personnage de bande-dessinée. Bref, un rêve de petit garçon. Alors que la France a renoncé à concourir pour l’obtention de l’organisation de l’exposition universelle, ne pouvant assumer les coûts cumulés à ceux des Jeux Olympiques d’été 2024 de Paris, un homme dans la quarantaine fait ce que des pays comme le nôtre n’osent même plus rêver.

 

Jeudi premier février, Philippe Duron (président du Conseil d’orientation des infrastructures) remettait à la ministre des Transports, de son nom Elizabeth Borne, un colossal rapport sur les « mobilités du quotidien ». Un difficile exercice qui ne devrait pas augmenter la cote d’amour de son auteur auprès des élus locaux et des collectivités. Philippe Duron propose au gouvernement trois grands plans destinés à aménager les mobilités quotidiennes, nécessitant des investissements plus ou moins importants (de 48 milliards d’euros à 80 millions d’euros). Tous entraineraient des abandons de projets, des étalements dans le temps, ou une diminution des coûts, témoignant d’une revue à la baisse des ambitions étatiques. Ainsi, la ligne à grande vitesse Paris-Clermont Ferrand, censée désenclaver l’Auvergne, ne serait plus envisagée.

 

La France aurait-elle toujours le cœur aux grands travaux ?

 

 Dans un article publié sur le site de L’Incorrect, notre ami Marc Dupré avançait quelques explications quant à un phénomène qui, en apparence, du moins, a tout l’air d’une inquiétante involution. Première des raisons, régulièrement avancée pour la suppression de nouveaux projets : l’existant n’est plus correctement entretenu, faute de moyens suffisants. Nos infrastructures vieillissantes génèrent des coûts colossaux pour le contribuable. Autre difficulté majeure, des associations d’opposants se créent dès qu’un projet est annoncé. Immédiatement, se multiplient groupements de défense des contribuables, des protecteurs de l’environnement, ou des riverains en colère pour protester. Cela n’était pas le cas auparavant, ou, dans des proportions de moindre envergure. Ajoutez à ce constat l’évolution des prix des matières premières, le poids des salaires, le dédale réglementaire, et vous obtiendrez un écosystème peu favorable à la mise en chantier de grands travaux infrastructurels.

D’aucuns s’en réjouissent, se félicitant que la France puisse progressivement retrouver son charme pastoral d’antan, pestant contre un monde contemporain où tout va trop vite, croyant dé-mondialiser la France en empêchant la construction d’une ligne à grande vitesse ou d’une bretelle d’autoroute. De leur côté, les habitants des zones réellement périphériques, c’est-à-dire éloignées de la capitale, paient le double tarif en silence. La France des sous-préfectures n’est pas sacrifiée, mais elle semble ne pas pouvoir être sauvée, prise dans un cercle vicieux dont rien ne semble pouvoir la sortir. « Un arbre qui pousse fait moins de bruit qu’une forêt qui tombe », dit le dicton. Malheureusement, une usine sidérurgique qui ferme suite à la liquidation judiciaire d’Ascométal, un magasin Pimkie qui licencie à Saint-Etienne, et une papèterie de plus qui disparaît dans les Vosges à cause d’une concurrence chinoise déloyale, ne sont plus remplacées par des activités économiques dans les régions concernées.

 

Des départements désertifiés

 

Certains départements finissent donc par se désertifier complètement, perdant les usines qui auraient permis la construction d’infrastructures, et réciproquement. Il est même difficile d’y télé-travailler, faute de réseau 4G ! Où est passée la France qui construisait les premiers trains à grande vitesse ? La France qui bénéficiait du meilleur réseau autoroutier au monde ? Une France constamment en avance sur son temps, qui pouvait être aussi fière de ces hommes de sciences que de ses hommes de Lettres. Pendant ce temps, un particulier envoie une fusée dans l’espace, plus puissante qu’Ariane 5 ou que la Delta IV Heavy de la Nasa. Son nom ? Elon Musk.

Né en Afrique-du-Sud, le fondateur de la firme Tesla a fait fortune parce qu’il a su inspirer confiance aux investisseurs. Il faut bien comprendre que les nouvelles fortunes sont liquides, fondées sur des personnalités charismatiques qui savent faire rêver les actionnaires. Elon Musk l’a parfaitement entendu, à tel point que Tesla jouit d’une capitalisation boursière plus importante que celle de BMW ! Surréaliste, oui. Mais quelle entreprise privée peut aujourd’hui envoyer une fusée dans l’espace ? Elon Musk est clairement un personnage de science-fiction, qu’on dirait imaginé par Peter Hamilton, incarnation vivante des techno-prophéties de l’auteur britannique. Il est Nigel Sheldon dans la réalité, relations amoureuses avec des actrices célèbres en prime.

 

Réhabilitons la notion de progrès

 

La France, l’Europe, allons-y, l’Occident, doivent comprendre que leur identité tient aussi dans leur capacité historique à innover, à conquérir d’autres espaces, à repousser les limites du monde connu. Christophe Colomb a découvert l’Amérique parce qu’il y a cru, parce qu’il a souhaité repousser les frontières et briser les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Désormais, des acteurs traditionnellement non souverains peuvent accomplir des prodiges qui étaient jusqu’alors réservés aux Etats. Aujourd’hui Falcon Heavy X, au nom tout droit sorti de la revue Heavy Metal ou d’un roman d’Herbert, demain l’Hyperloop. Quant à nous, pauvres Français, nous ne sommes plus capables de financer des bretelles d’autoroute. Il serait temps d’en prendre conscience, de le comprendre.

La modernité et le progrès ne doivent pas être synonymes de la fin du « fucking white male », de l’avènement du multiculturalisme ou de la destruction en règle des classes moyennes, brisées par le rouleau-compresseur de la finance algorithmique, mais bien du retour de l’Etat stratège, prospectif, sachant capter le zetigeist à son propre profit comme au profit du peuple, utilisant intelligemment les initiatives privées, comme les pays européens surent le faire avec les Compagnie des Indes, ou comme la Chine le fait présentement. Si nous ne voulons pas n’être qu’une nation de seconde zone, dans un continent de seconde zone, tiers-mondisé et vidé de sa substance, il nous faut réhabiliter la notion de progrès, en commençant par la redéfinir, en la dérobant à ceux qui s’en font les promoteurs tout en la travestissant. Les traditions n’étant rien d’autre que des progrès qui ont été durablement profitables à tous.

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