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L’Incoronavirus jour 4

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Publié le

20 mars 2020

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20 mars 2020 – saint Herbert

Le jour du jugement viendra

 

Si l’on avait pu croire à un sursaut français pendant les premiers instants de l’épidémie, et si, Dieu merci, médecins, infirmières, fonctionnaires du quotidien et compagnie font honneur à ce pays par leur dévouement, leur intelligence et leur sacrifice, rien ne change parmi les petites gens qui nous gouvernent ou ont cru nous gouverner.

L’inénarrable Sibeth Ndiaye ne voit rien de bien extraordinaire au comportement de Gonzague et Jean-Eudes en banlieue ou dans les quartiers sensibles qui, alors que le quidam est interdit de plage déserte, se pavanent entre marchés africains surbondés et barbecues de dealers. Dame Sibeth ne voit que résurgence de racisme dans la réaction du Français moyen qui – s’il est indiscipliné a tout de même encore assez de jugeote pour obtempérer quand la situation lui paraît grave – ne comprend pas que des lieux échappent encore et toujours à la loi française. Ou qui, au contraire, le comprend trop bien et n’étant pas surpris demeure cependant outré.

L’infâme Laurence Rossignol, elle, anciennement ministre de Hollande et qui n’en a toujours pas honte, ne voit rien de plus urgent que de déposer un amendement au Sénat pour rallonger la durée d’IVG en cas de pandémie, certainement outrée que seuls les vieux meurent et pas assez les embryons.

Mais nihil novi : il n’y a pas d’exemple que la débâcle ait changé Daladier en grand homme ou que le péril transformât jamais un moineau en aigle. Prenons notre covid en patience et le temps venu nous jugerons.

Par Jacques de Guillebon

 

Le film du soir

The Crazies, George A. Romero (1973)

Les périodes d’épidémies favorisent crises de folies et autres psychoses. Pire, elles sont souvent synonymes de désordre social. Aujourd’hui, la situation dans les prisons devient explosive et le confinement pourrait dégénérer en émeutes dans certaines zones sensibles. C’est cette idée de délitement de la société qui a inspiré le scénario du film The Crazies (1973). Dans ce film d’horreur de série B signé du maitre du film de zombie George A. Romero, les habitants d’une ville américaine sombrent dans une étrange folie meurtrière après avoir été empoisonnés par un produit chimique déversé accidentellement dans une rivière par l’armée. La ville est mise en quarantaine et les militaires vont devoir prendre des mesures drastiques pour contenir la contagion, y compris en sacrifiant des vies humaines. Comme une constante de l’œuvre de Romero, le sous-texte farouchement antimilitariste de The Crazies (« La nuit des fous vivants » en français) est assez évident. Cela n’enlève cependant rien à la qualité de ce long-métrage qui se révèle très distrayant et d’un intérêt sans commune mesure avec son remake de 2010.

A voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=YSYz3eQOmUI

Par Mathieu Bollon

 

 

La minute culture

 

Maître Eckhart sur table

Quoi de mieux, pour transformer un obscurantiste et laïcard « confinement » en retraite monacale, que de se replonger, au gré de son envie, dans les Sermons de Maître Eckhart ? Pas besoin de lampe torche théologale, car Eckhart sait parler aux foules, et en langue vernaculaire s’il vous plaît. Ce fut d’ailleurs tout le problème pour un Jean XXII alors peu disposé à ce que la mystique soit enseignée aux savetiers : après un long et pénible procès il finira par prononcer la bulle In Agro Dominico destinée à tempérer les ardeurs populaires du Thuringien, qui venait opportunément de tirer sa révérence. Sa seule faute ? « Parler à partir de l’éternité mais n’être compris qu’à partir du temps ». Eckhart, c’est un repas complet et riche en fibres, parfait pour un Carême réussi malgré les embourbements netflixiens et les indigestions fatales de farfalle sans gluten. Ses sermons allemands sont sans doute la meilleure porte d’entrée, une manière de se mesurer à sa pensée profonde mais limpide, à ce mélange unique d’intuition mystique et de théologie spéculative. D’ailleurs Eckhart ne distingue jamais vraiment les deux, il mélange la quête du Bien et celle du Vrai en un seul appareil, une mystique de l’être qui annonce l’apophase. Si l’expérience de Dieu dépasse selon lui toute perception, elle se conforme cependant parfaitement à son verbe haut et clair, à cette théologie de l’inconnaissance qui envisage l’union à Dieu comme un « anéantissement ». Mais point de masochisme là-dedans, seulement la nécessité, pour paraphraser Nietzche, « d’augmenter un peu la température de l’âme ». Salutaire, donc, pour contrer l’engourdissement spirituel que vous vendent les ânes. .

Par Marc Obregon

Les Sermons

Maître Eckhart

800 pages – 16€20

À consulter ici : http://www.pileface.com/sollers/IMG/pdf/Sermons_1-30.pdf

À commander là : lanouvellelibrairie.fr/passez-votre-commande

Ou là : https://www.albin-michel.fr/ouvrages/les-sermons-9782226191021

 

 

L’instant réclame (faut bien se nourrir de temps en temps)

 

 

 

Les aventures trépidantes de Gonzague et Jean-Eudes, épisode III

Suivez les aventures de Gonzague et Jean-Eudes, dans chaque numéro de L’Incoronavirus

 

 

 

Le communiqué du jour 4

 

A lire en cliquant ici

 

Nous autres confinés

 

Le meme du jour

 

 

 

Les brèves

La pute à clic reste sur le trottoir

On l’a tous cet ami (qui nous veut du bien) qui a cru bon poster le dernier article un peu chaud sur le sujet, avec ce témoignage certifié de terrain. On l’a vue dans notre fil d’actu cette accroche qui interpelle. Dernière en date : Coronavirus, le récit choc d’un infirmier : « On dirait que les poumons s’éteignent ! » Effectivement, le tableau est un rien alarmant. Pour autant, quand on lit l’article, on découvre que l’on a affaire à la traduction d’un article italien ayant lui-même placé cette phrase en exergue. Et, à lire ledit article, rien de neuf. C’est la merde, la pandémie est là, mais, globalement, pas de scoop ni de revirement spectaculaire. Dans l’esprit, pourquoi ne pas titrer : C’est la guerre ! Le cœur de chaque personne qui meurt s’arrête ! Ce serait tout aussi pertinent. Hier encore, cette accroche : Un médecin témoigne : « on voit des malades mourir de myocardite ! C’est terrible ! » Certes, mais une myocardite est une inflammation affectant le myocarde et peut avoir diverses causes, comme… l’infection virale. La situation est déjà assez pénible comme cela. Mieux vaut veiller à ne pas s’enflammer devant ces soi-disant révélations anxiogènes qui se propagent plus vite que le virus, simplement parce qu’à l’heure du confinement total la pute à clic, elle, reste sur le trottoir.

Par Alain Leroy

 

 

Confinement : les trois mamelles de la sédition

Qui ne respecte pas les consignes de confinement actuellement ? D’après vous ? Bien entendu ! Les trois classes sociales qui emmerdent généralement le monde du mardi gras au mardi maigre : la bourgeoisie déracinée, les immigrés et la classe des « sachants ».

Chez nous, cette infâme bourgeoisie versaillaise se pavane sur les plages de Damgan et d’Erquy. En vélo et polo. Les tétasses pendouillantes à l’air quand ça veut braver la morale à Papa.

Et à l’autre bout de la longue échelle de la connerie : les immigrés. Leurs frères de chienlit. Le syndicat du crime quand il s’agit d’emmerder le brave monde.

Entre les deux : le troisième larron. L’État crâne d’oeuf des génies de la Haute Administration et de sa cohorte de sachants qui ont réalisé ce tour de force de faire retomber la France au niveau du Zimbabwe en matière de fourniture médicale. Demain, le Togo nous envoie des masques FFP2 en peau de zébu qu’on sera encore content de les recevoir !

Le pire de l’histoire est que je ne vois pas comment tout cela va tenir 2 mois ou 3 mois comme il est prophétisé ici et là. Croyez-vous sincèrement que les banlieues de l’immigration vont tenir sagement des semaines entières, confinés à 30 maliens dans 20m² ? Plus de drogue ! Plus de trafic ! Plus de bagnoles à voler ! Rien ! Car le moindre go fast depuis l’Espagne sera devenu vraiment périlleux ? Impossible ! Ça ne va pas tenir. La bourgeoisie versaillaise ferait bien de reprendre le bateau et de rentrer illico à Chantilly parce que quand toute l’Afrique de Sarcelles va en avoir ras-le-bol de regarder les matchs de troisième division camerounaise en boucle sur la parabole, ça va venir piller tranquillou tout ce que les Parisiens en vacances ont laissé généreusement. Mais oui ! Et les flics qui en ont déjà ras le képi de les contenir ne pourront rien faire. Tout Paris et lieux circonvoisins risquent d’être le nouveau city stade de la cité des 3000 quand la provision de shit sera épuisée. Les locaux de L’Incorrect ? Quand la rédaction reviendra la gueule enfarinée, ce sera devenu un squatt d’Afghans. Le bureau de Guillebon en sera la mosquée ! Christophe Guilluy l’avait prophétisé : les villes vont devenir un ghetto en coloc : la bourgeoisie au milieu, les banlieues de l’immigration autour. Les uns servant d’esclaves aux autres. Ça durera un moment et puis tout ce petit monde s’entretuera avec style et conviction. Eh bien, la bourgeoisie urbaine a foutu le camp, attendez deux-trois semaines et la chasse à l’oeuf est déclarée. La grande razzia du siècle ! Pire que 10 000 Gengis Kahn. Si ça se trouve l’ordi de Guillebon est déjà en pré-commande sur un marché de Bamako.

Et les « sachants » là-dedans ? La Haute Administration ? Un syndic de faillite ! Ils ont déjà du mal à faire fabriquer des masques à 10€, quand il va falloir envoyer la légion dans Paris en flammes ce sera déjà trop tard. Ça fait des années qu’on se pignole sur « la guerre civile qui vient ». Elle est là, elle arrive !

Par Maël Pellan

 

 

Ils ne  mouraient pas, mais tous étaient frappés

 

Aucun pays ou presque ne semble échapper à la pandémie du Coronavirus Chinois. Cependant, tous ne s’en sortent pas de façon identique. En Italie, il décime la population plus encore qu’en Chine désormais, tandis qu’en Allemagne, les cas graves se comptent sur les doigts d’une main, avec un bilan de moins de 50 morts pour près de 15 000 cas identifiés. En cause, d’après nos spécialistes, l’avance de la France et de l’Italie, exposées plus tôt à l’épidémie que nos voisins et néanmoins compatriotes européens. Autrement dit, la France et ses représentants ayant toujours tout fait très bien depuis le début, il ne saurait y avoir de miracle allemand et nos chers Teutons, comme tous les autres pays d’Europe, de la Pologne à l’Angleterre en passant par le Danemark, devraient évidemment connaître le cataclysme dans lequel nous nous précipitons afin d’y rejoindre l’Italie : le confinement drastique, les pénuries de masques et de sang, l’absence de test d’ampleur, les agressions gratuites, les policiers en déroute face à la racaille, tout cela d’ici deux semaines maximum. Tout va bien donc.

 

Par Rémi Lélian

 

L’entretien du quatrième jour

Thibaut Monnier entrepreneur, conseiller régional RN en Auvergne-Rhône-Alpes et co-fondateur de l’ISSEP, a mis à disposition à titre gratuit une dizaine d’appartements meublés, dont il est propriétaire, à Lyon aux personnels de service de santé. Il répond aux questions de L’Incorrect.

 

Quand avez-vous lancé votre initiative ?

Ma société foncière venait de récupérer dix studios sur le même plateau tout juste rénovés et donc au lieu de les mettre en location classique j’ai  préféré dès mardi 17 mars les mettre à disposition à titre gratuit aux personnels soignants.

Avez-vous eu beaucoup de demandes ?

En 48 heures mes dix appartements ont été prêtés. Entre ceux qui préféraient ne pas exposer leurs familles et ceux qui vivent loin de Lyon et préféraient être plus proches de l’hôpital, les demandes ont été très nombreuses et continuent d’ailleurs d’affluer. J’ai donc appelé mon réseau pour connaître les disponibilités d’autres appartements pour un bail gratuit et j’ai décidé de prendre en charge tous les frais des appartements (eau, chauffage, électricité…) mis à disposition à titre gratuit. Aujourd’hui, nous en sommes à une trentaine et je vais continuer pendant la durée du confinement. Je suis en lien avec les HCL (Hospices Civils de Lyon) qui recensent les demandes de logement de leurs personnels et qui me les renvoient. C’est artisanal mais ça fonctionne. J’espère créer un élan de générosité pour que d’autres sociétés foncières puissent faire de même.

Que pourrait décider l’Etat, ou bien un Conseil régional, qui irait dans le même sens que votre initiative ?

Il faudrait que les hôtels soient réquisitionnés pour les personnels de santé. À Lyon les deux-tiers des hôtels ont fermé. On pourrait les utiliser. Je ne comprends pas que l’État n’anticipe pas. Mon initiative est artisanale et donc prend du temps. Les grands groupes comme ACCOR devraient directement proposer leurs dizaines de milliers de chambres disponibles. La région ne peut pas faire grand-chose sinon lancer un appel solennel aux propriétaires, agents et gestionnaires d’appartement. Il y a une très forte demande et il faut y répondre. L’État a bien acheté 70 hôtels Formule 1 et réquisitionné des milliers de chambres pour loger les migrants, je ne comprends pas qu’il ne soit pas capable de le faire pour notre personnel soignant.

Vous êtes élu régional RN : quelle est la situation sanitaire réelle dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ? L’État informe-t-il les élus ?

 

Les élus n’ont aucune information, que ce soit de l’État ou du Conseil régional. Nous sommes élus et donc au service de la population et nous ne savons rien. Heureusement les réseaux sociaux sont là pour seconder et permettent à la société civile de s’organiser pour palier aux défaillances de l’État.

 

Par Arthur de Watrigant

 

 

La minute sérieuse

 

Allons, enfants de l’apraxie

Et si on mettait en jachère, le temps d’une claustration, ce terreau impie des réseaux sociaux, où les bouches et les goitres multiples de la foule, cousus les uns aux autres, montés en épingles délétères, ne font que commenter, ironiser, vacuiter sans fin sur l’ourlet des siècles, méméfier et momifier l’alternance des jours, transformer les phénomènes en sarments de conjugaisons inertes et en comptines pour comploteux assaisonnées au balsame de l’insolence fortuite ?

Nous voilà revenus dans l’Histoire, par le cercle domestique, cachés derrière une haie de thuyas, un rempart de géraniums et une cafetière connectée capable chaque matin d’ânonner les psaumes du vide, de concert avec nos écrivains de boudoir.

Après la France qui combattait le terrorisme en sifflant des IPA sur les terrasses de Belleville, voici le grand retour de l’arrière-cuisine érigée en monument aux morts, une France non pas domestique mais domotique : nos néo-Xavier de Maistre rêvent leur vie, si possible le long des accoudoirs crantés de leurs literies Philippe Stark, applaudissent en cœur derrière les persiennes closes de leurs berceaux de pierre sis avenue Montaigne ou dans la Beauce et, surtout, trouvent dans cette nouvelle posture si délicieusement propice à la méditation, de quoi nourrir une fois de plus leur flatulent ego.

Les journalistes télé, on le voit, s’amusent beaucoup de cette assignation à résidence, ils se « maquillent eux même », nous dit-on : c’est de l’héroïsme. Ce qui ne change pas grand-chose à leur carnation toujours plus gommeuse, lustrée à tout jamais par le fard de la condescendance… La France d’en-haut n’a pas dit son dernier mot, elle se palpe désormais à même le vaisselier, elle s’enorgueillit de quelques « squats » pratiqués à l’écliptique de sa terrasse avec vue sur Enfants Rouges. Il faudra bien plus d’un virus pour éteindre cette parousie, car à Pâques on n’attend plus la Résurrection mais on sait d’ores et déjà que Konbini nous prévoit d’impertinentes pastilles où Matéo et Prune chercheront leurs œufs dans un sac à linge sale et derrière les monographies d’Ariel Zeitoun. Nous voilà sauvés ! On saura plus tard se congratuler pour avoir continué si bravement à monopoliser l’attention des français, à détourner l’histoire par la cosmétique, à bravacher le peu de sérieux qui demeure dans les cerveaux inquiets et dans les panses tièdes.

Pour chercher l’histoire, il faut se pencher dans les yeux des miséreux, des enfermés dehors : eux seuls, qui ont l’âme à même le bitume, nous rappellent que l’histoire est bien là, dans ces grappes de vagabonds, ultimes sentinelles du Siècle, qui semblent s’être oubliées elles-mêmes, tuées deux fois par l’abandon des hommes. Une flamme immobile et soucieuse qui nous rappelle que l’histoire est tapie derrière chaque grille-pain et qu’elle n’attend qu’une coupure d’électricité pour vous sauter à la gorge.

Par Marc Obregon

 

La revanche de la France rurale

 

En 1947, Jean-François Gravier publiait Paris et le désert français où il fustigeait les ravages d’une centralisation excessive qui avait fait grossir la capitale au détriment de l’ensemble du pays : « Dans tous les domaines, l’agglomération parisienne s’est comportée depuis 1850, non pas comme une métropole vivifiant son arrière-pays, mais comme un groupe monopoleur dévorant la substance nationale ». Si le constat reste vrai, il serait plus juste de parler aujourd’hui d’une opposition entre les métropoles qui tirent parti de la mondialisation et les villes de taille moyenne ainsi que les campagnes dont la plupart déclinent.

Tout cela est vrai en temps de paix car la ville favorise les échanges, le commerce et la vie sociale. C’est d’ailleurs pour cette raison que les villes françaises se sont particulièrement développées aux XIIe et XIIIe siècles d’une part, et au XIXe siècle d’autre part, à l’heure de la Révolution industrielle. Mais dès lors qu’on entre en période de guerre ou d’épidémie, la campagne devient une valeur refuge car elle permet d’échapper aux plus grands malheurs : en 1832, une victime sur cinq de l’épidémie de choléra est parisienne, soit 20 000 morts sur un total de 100 000, en raison de la promiscuité et de l’insalubrité de la capitale. Entre 1940 et 1945, c’est dans les campagnes qu’on arrive le mieux à survivre et c’est dans les grandes villes qu’on souffre de la faim.

À l’heure où Paris se vide de ses habitants et où les campagnes se repeuplent, gageons qu’une telle migration saisonnière ne sera pas sans lendemains. En effet, l’homme urbain, retrouvant les vertus d’une vie saine en compagnie des siens sous le même toit ainsi que le bonheur d’être réveillé par les oiseaux des champs sous la brume matinale, n’aura probablement pas envie de réintégrer son deux pièces parisien et son open space à la Défense alors qu’il se découvre beaucoup plus productif en télé-travail, avec une meilleure qualité de vie. C’est la revanche de la France rurale.

 

Par Benoît Dumoulin

 

Sortir de l’incurie ?

Vendredi 20 mars 2020, matin, les hôpitaux français accueillaient 4761 patients. 10 955 cas sont confirmés.  Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, annonce 372 décès, soit malheureusement 108 de plus en 24 heures.

Malgré l’apparente assurance montrée par les ministres sur les chaînes de télévision, l’exécutif a multiplié les positions contradictoires. Tandis que le président insistait sur la nécessité de rester chez soi, Muriel Pénicaud déclarait : « on a besoin de tout le monde sur le pont ». Pour Gérald Darmanin, les activités économiques ne doivent pas s’arrêter. Qui doit travailler ? Quels secteurs ? Il est urgent de répondre.

« Je félicite tous ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu’elle a eu lieu », déclare avec ironie le chef de l’Etat. Un président devrait-il dire cela ? Le ministre de la santé Olivier Veran a pourtant indiqué que « depuis Sarkozy, les gouvernements ont laissé le stock stratégique d’un milliard de masques se vider ». L’actuel gouvernement ne pouvait pas ne pas être au courant depuis 2017.

C19, un collectif de soignants annonce la saisine de la Cour de justice de la République d’une plainte pénale qui vise Agnès Buzyn et le Premier ministre, Édouard Philippe. Ils sont accusés de « négligence coupable ».

Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, déclarait vendredi matin  qu’après la crise nous ne pourrons « plus déléguer la souveraineté nationale, sanitaire, militaire ou sécuritaire ». Sans doute le président de la République ironisera-t-il et félicitera-t-il ceux qui avaient prévu que la perte de la souveraineté dans ces domaines allait conduire à des catastrophes ?

Pour Bruno Lemaine, « Si l’UE laisse tomber l’Italie, elle ne s’en remettra pas ». Il a raison. Le ministre disait aussi jeudi que la question de l’existence de la zone euro allait être posée. Sans doute faudra-t-il perdre du temps à ironiser sur ceux qui, dès la fin du siècle passé, étaient opposés à l’abandon de la souveraineté monétaire ?

Vendredi matin, tous les italiens étaient appelés à chanter l’hymne national à leur fenêtre. Sur Franceinfo, en début de semaine, Renaud Dély et Nathalie Saint-Criq proposaient « Résiste » de France Gall et « Bella ciao ».

10 % des amendes dressées dans le pays mercredi l’ont été en Seine-Saint-Denis. Face à l’indiscipline, police et justice sévissent. Des CRS ont été appelés en renfort. 5 personnes ont été mises en garde à vue pour mise en danger de la vie d’autrui et rébellion. Etonnant non ?

Par Matthieu Baumier

 

Les confinés sont-ils de gauche ?

 

JOUR 1

Nous sommes partis de Paris et avons rejoint un coin dans la campagne. Un ami qui nous prête sa maison. Albert, son voisin, paysan retraité, nous attendait.

– Bonjour, je suis Albert, votre voisin.

– Bonjour, Père Albert, lui ai-je répondu (c’est ainsi qu’on nomme les anciens dans les zones rurales, m’a-t-on dit).

Il a eu l’air surpris et nous a dit de le suivre.

Nous avons roulé huit-cents mètres et sommes arrivés.

La maison était isolée, grande et froide. De l’herbe à perte de vue.

– Vous ne tondez pas souvent, hein ?

– On ne tond pas les pâtures, vous savez…

Je ne comprends pas un mot de ce qu’il dit. Et j’ai vu plusieurs insectes sur des grosses feuilles.

Ça va être long.

 

JOUR 2

Après une nuit assez pénible sans bruits blancs réconfortants (chasse d’eau des voisins, bruit du trafic, portes qui claquent…), nous nous sommes réveillés. La maison n’a pas de connexion internet et la couverture réseau est assez aléatoire. Matteo et Cerise étaient assez nerveux. J’ai pris la voiture pour aller acheter une box mais à la boutique Orange, à la grille baissée, on m’a expliqué que seules les urgences étaient traitées et qu’il n’y aurait aucun « acte commercial ».

– Quoi de plus urgent que de soulager le stress émotionnel de deux enfants, ai-je déclaré. Nous venons d’arriver de Paris et…

Le visage de la salariée Orange s’est fermé en entendant « Paris » et j’ai compris que Matteo, Cerise, Quitterie et moi allions nous passer du haut débit.

– C’est vrai, c’est ravitaillé par les corbeaux, ici, nous a dit le voisin. Matteo et Cerise étaient intrigués.

– Crois-tu qu’il ignore tout de la technologie ? m’a glissé Cerise dans l’oreille.

– Chut, chérie, on ne parle pas des gens devant eux, lui ai-je répondu tout en souriant à Albert.

Nous avons passé la journée à inventorier la maison. Énorme bibliothèque, centaines de DVD (« genre il achète des DVD ! » s’est esclaffé Matteo, à qui j’ai fait remarquer qu’il n’y avait pas de télévision. Je l’ai senti se recroqueviller en PLS), et boites de conserve, du style « fromage de tête 2019 »” Je me suis souvenu des photos immondes de la tête de cochon pas encore cuite que notre ami nous avait envoyées et j’ai frémi.

Nous irons à la coopérative bio tout à l’heure, ou demain, une fois que nous aurons recopié les attestations.

 

JOUR 3

Nous sommes allés à la coopérative bio aujourd’hui. Il manquait à la maison plusieurs chose de première nécessité, comme par exemple des galettes sans gluten (Quitterie est intolérante au gluten. « C’est ma seule intolérance », comme elle le dit souvent, pour rire. Elle ajoute toujours, avec un peu de gravité « Et la haine, bien sûr, je ne tolère pas la haine ». Je la trouve bouleversante dans ces moments-là) ou des savons hypoallergéniques. Notre ami nous avait dit qu’il y avait des réserves, mais à part ses pâtés de porc fait maison, les terrines de sanglier de ses chasses (je les ai mises au fond du tiroir du haut du congélateur pour que Cerise ne puisse pas lire l’étiquette), les paquets de pâtes et de riz et les cageots de pommes, il n’y a pas grand chose, et surtout rien qui soit éthique.

Nous avons fait la queue et Matteo a demandé que nous achetions du tajine aux pruneaux, un peu cher, certes (8,50 € les 220 g) mais sain. Je lui ai fait remarquer l’étiquette, où on voyait le visage du travailleur, Alexandre, qui avait imaginé la recette, et je lui ai dit que les entrepreneurs conscients, comme Lush, savaient revaloriser les individus en s’occupant de leur bien-être, comme par exemple leur image sociale, qui est aussi importante qu’une augmentation.

Cerise a regardé les autres boîtes et a fait remarquer que la même recette, pour le même produit, avait été aussi inventée par Audrey, Andreea et Marion. Cerise a demandé s’il y avait différentes étiquettes pour exprimer la diversité sexuelle et ethnique, qui sont des valeurs auxquelles nous tenons beaucoup, Quitterie et moi (d’ailleurs, nous n’avons que deux enfant pour maintenir la parité de la cellule familiale).

Je leur ai vanté les mérites de l’innovation collaborative et de la co-construction mais j’ai un doute, ça ressemble à du marketing…

En rentrant, nous avons vu des passages dans les haies et j’ai supposé qu’il devait y avoir de grosses bêtes. Cette prolifération des animaux sauvages est un fléau.

Par Richard de Seze

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