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Aïssa Maïga et Fally Ipupa : brûle France, brûle

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Publié le

2 mars 2020

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Bienvenue en France ! Un pays merveilleux où des factions de Congolais peuvent s’affronter au cœur de Paris en marge du concert de Fally Ipupa menaçant de détruire la Gare de Lyon , sans que cela surprenne qui que ce soit. Un pays où, le soir même, l’actrice Aïssa Maïga comptait les noirs présents à la cérémonie des Césars, gaussant sans vergogne les précieuses ridicules du cinéma français. Partie sur les chapeaux de roue, l’année 2020 s’annonce comme le point d’orgue d’une convergence des catastrophes tant redoutée.

 

Il était attendu et il n’a pas déçu. La star de la rumba congolaise Fally Ipupa a mis le feu à la capitale, plus encore dans les rues qu’à l’AccorHotelsArena où se tenait son concert parisien. Suspecté d’être complice du régime de Joseph Kabila, l’ancien président de la République du Congo, Fally Ipupa est une superstar du continent africain. Il l’est aussi en France où il peut compter sur le soutien d’une partie importante de la diaspora et de certains jeunes auditeurs qui l’ont découvert à travers ses collaborations avec des artistes de la scène « urbaine » tels que Booba, Youssoupha ou l’élégante Aya Nakamura. L’artiste ne fait pourtant pas l’unanimité, en dépit de sa présence dans la liste des cinquante Africains les plus influents du magazine « Jeune Afrique », suscitant l’ire des opposants au régime de Kabila et de son successeur Félix Tshisekedi.

 

Après Le chant des partisans (Joseph Kessel, Maurice Druon, Anna Marly), après Bella ciao, après Le choeur des esclaves de Nabucco (Giuseppe Verdi), voici Ça bouge pas de Fally Ipupa.

 

Une opposition qui s’est violemment matérialisée dans les rues de Paris, entrainant des incendies de grande ampleur ainsi que la destruction de biens publics et privés. Par la magie des réseaux sociaux, ces images de guerre qu’on croyait naguère réservées à d’autres latitudes ont fini par être diffusées sur toute la toile. Sur l’une des vidéos, on peut voir des émeutiers empêcher les pompiers d’éteindre les incendies. Agressifs, vocaux et menaçants, ces militants ont laissé leur haine sortir. Peut-être ont-ils leurs raisons. Allons même plus loin : sûrement les ont-ils. Mais les images qui ont été filmées dans Paris sont totalement inadmissibles. La capitale de la France n’est pas Kinshasa ! Et ceux qui imaginent pouvoir transformer Paris en champ de bataille d’un conflit étranger devraient prendre la porte.

Au passage, on notera avec un peu d’amusement que les grandes vedettes des musiques urbaines françaises n’hésitent pas à participer à des enregistrements avec des personnalités très contestées en Afrique et proches de dictateurs. Mais ces gens ne sont pas à une contradiction près… Leur ressort, c’est humain, est la santé de leur portefeuille et leur notoriété. Un peu comme la susnommée Aïssa Maïga qui a profité de la tribune donnée par les Césars pour se lancer dans une diatribe gênante sur les blancs et les noirs. La gauche culturelle a voulu faire disparaître l’histoire et les ethnies. Ce sont ses enfants qui les lui renvoient en pleine tête. Tout tourne désormais autour de l’identité, du genre et des particularités individuelles et communautaires.

 

Lire aussi : Les César, quand le cinéma français fait son cinéma

 

Tancé publiquement, Vincent Cassel l’a appris à ses dépens. Au côté de son ami Matthieu Kassovitz, il fut pourtant l’une des têtes de gondole de la promotion de la « diversité » et de la dénonciation de l’ordre ancien. Son frère rappeur s’est même trouvé dans le collimateur des internautes. Que Rockin Squat fut un pionnier du rap et l’avocat des jeunes des banlieues de l’immigration ne les intéresse plus : il est un blanc et un fils de bourgeois. Tiens, voilà un sujet que n’abordera pas madame Maïga, celui de la reproduction des élites. Ses bourdieuseries s’arrêtent là où commence l’homme blanc. Mais le problème du cinéma français n’est pas racial, il est social. C’est sa consanguinité manifeste qui est dérangeante, ses fils et filles de qui n’ont pas spécifiquement de talent et se retrouvent du jour au lendemain en têtes d’affiche.

Quand les abords de la gare de Lyon brûlent et que des Soudanais affrontent des Tchadiens à Ouistreham dans le Calvados, il est probablement temps de songer à migrer en Afrique pour trouver enfin un peu de tranquillité. Là-bas, un jour, une jeune femme comptera les blancs présents à la cérémonie locale consacrant leur cinéma et pointera du doigt le patriarcat gérontocratique des Kabila, Ouattara et autre Sassou N’Guesso. Si les indigènes non autochtones et les colons décolonialistes ne représentent d’une petite partie de l’opinion, ils sont aussi visibles, nuisibles et influents. Nous les prendrons au sérieux le jour où ils dénonceront le black washing avec la même vigueur que le « white washing » désormais totalement inexistant. Gageons que nous pouvons patienter encore longtemps. En attendant, Paris sera toujours la proie de troubles et les rives de Lesbos abordées par des gens qui demain donneront des leçons à l’Europe entière.
 

 

Gabriel Robin

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