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Mgr Aillet : « Nous avons été très déçus, voire énervés par la désinvolture du Premier ministre »

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Publié le

30 avril 2020

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Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, répond à nos questions au sujet de l’interdiction de la messe par le premier ministre Édouard Philippe.

 

Quel est votre sentiment sur le peu de considération dont semble faire preuve l’État vis-à-vis des cultes ?

 

Nous avons eu une assemblée plénière des évêques de France le 24 avril, au cours de laquelle un plan de déconfinement, élaboré par trois évêques, dont Mgr Rougé ,de Nanterre, a été présenté. Ce plan était très précis et prenait en compte tous les risques sanitaires. Il demandait que la reprise des cultes ait lieu le 11 mai, ou au moins pour la messe le dimanche suivant, c’est-à-dire le 17. Je regrette que nous nous soyons astreints à la confidentialité à propos de ce plan et que seul un rapide communiqué ait évoqué le fait que les évêques réfléchissaient au déconfinement. Peut-être qu’en faire la publicité nous aurait aidés vis-à-vis des pouvoirs publics.

Par ailleurs, Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence, a eu une visoconférence avec les autres représentants des cultes (et les francs-maçons, on se demande pourquoi, surtout que leurs offices sont secrets) et le Président de la République, qui est demeuré très vague.

 

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Mais surtout nous avons été très déçus, voire énervés par la désinvolture avec laquelle le Premier ministre a traité la question des cultes devant l’Assemblée nationale. En deux phrases, c’était expédié, pendant qu’il s’est étendu de longues minutes sur la réouverture des commerces, les transports en commun et les écoles, qui ne seront d’ailleurs pas plus sûrs que les cérémonies à l’église. Monseigneur Rougé a exprimé cet agacement dans une vidéo le soir même, et le sentiment a été unanime dans la CEF qui est plutôt diverse en général. Aujourd’hui, Mgr de Moulins-Beaufort a parlé avec le ministre de l’Intérieur et des Cultes, j’espère qu’il en sortira quelque chose.

 

Que proposez-vous ?

 

Que les pouvoirs publics nous écoutent et considèrent que nous avons les moyens de gérer nos fidèles intelligemment. Le plan de déconfinement est élaboré, un peu comme celui qu’ont mis en oeuvre les évêques suisses : occupation au tiers des églises ; respect des distances ; équipe de personnes distribuant masques et gel ; entrée et sortie différenciées ; pas de panier de quête ; désinfection des bancs ; couverture des ciboires et des calices, etc. Toutes les normes seraient respectées. Il n’y a donc pas de risque majeur.

 

Que vous disent les fidèles ?

 

Les fidèles nous font savoir qu’ils en ont assez. D’autant que certains ont l’impression que les prêtres ne s’occupent plus d’eux et se la coulent douce. Alors qu’ils sont au contraire entièrement mobilisés. Mais nous n’avons pas la main sur tout : pour ma part, j’ai enjoint à mes prêtres de garder les églises ouvertes, certaines sont encore fermées ; de confesser, certains ne le font pas ; de conférer le sacrement des malades, et ils ne le font pas tous. C’est pourtant notre rôle que d’être proches des fidèles en ces temps-ci. J’espère que le gouvernement entendra notre voix et celle des catholiques qui aimeraient pouvoir pratiquer leur culte librement.

 

Propos recueillis par Jacques de Guillebon

 
 
 

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