Comme à leur habitude Kervern et Delépine mettent en scène le petit peuple, celui des agios, des tickets de réductions et du diesel, et c’est là leur génie. Ils savent en parler sans se foutre de sa gueule et, derrière leur ironie brillante, tissent une toile de fond assez sombre. Dans un premier acte qui se déroule dans le décor d’une zone pavillonnaire, le duo pose sa trame et ses personnages par une succession de sketchs d’une justesse déprimante : Marie, victime de chantage avec une sextape ; Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée ; et Christine, chauffeur VTC dépitée de constater que ses notes ne décollent pas. Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants du numérique pour effacer leurs historiques. Avec Kervern et Delépine, une réplique et un plan photographient mieux notre époque que mille mots. Dans une deuxième partie ambitieuse, le duo tente d’offrir une lueur d’espoir, celle entrevue il y a un an, lorsque « ceux qui ne sont rien » se vêtirent de jaunes pour s’unir sur des ronds-points et essayer de se sauver. Le film trouve alors une ampleur surprenante, porté par un trio sublime (Gardin, Podalydès et Masiero). Don Quichotte porte un gilet jaune, et il a de la gueule.
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