C’était l’évènement de décembre 2020, un nouvel album de Lucky Luke pour un Noël certifié politiquement correct, par les bons soins du scénariste Jul et du dessinateur Achdé, qui venaient de prostituer le cowboy solitaire aux obsessions du temps. En effet, dans Un Cow-boy dans le coton, Luke allait se confronter à la question raciale aux États-Unis, la mémoire de l’esclavage et la représentation des minorités, en somme, l’une des figures majeures de la bande-dessinée franco-belge et de notre imaginaire enfantin allait se retrouver aussi blindé de catéchisme progressiste qu’une série Netflix. En arrière-plan, le péché originel du genre, Tintin au Congo et ses clichés coloniaux, qu’il était urgent de racheter par une mise à jour retentissante. Ainsi le cowboy à mèche eut-il pour mission de corriger les dérapages du reporter à la houpette.
Les nouveaux chevaliers errants
L’argumentaire qui sous-tend cet album est typique du néo-progressisme américain : on nous apprend qu’en fait, un quart des cowboys ayant été noirs, il serait urgent de corriger l’image ethno-centrée que les westerns nous ont donnée de cette figure. Sauf qu’une œuvre de fiction n’a pas pour vocation de refléter les apparences de la réalité, un tel objectif constituerait en outre une terrible régression dans le processus de représentation lui-même. C’est tout prendre au pied de la lettre pour tout raccrocher ensuite au train d’une idéologie délirante. [...]
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