Dès le préambule de votre essai, vous semblez opposer République et France. Pourquoi ?
Je n’oppose pas République et France. Je dis simplement que ce n’est pas la même chose. La République est un régime politique, la France est une nation, avec une géographie, une population, une histoire, un patrimoine, etc. La France ne se réduit pas à ce système politique. La France et la République sont deux ensembles qui se recoupent, sans que le deuxième ensemble ne recouvre le premier.
Au fond, que reprochez-vous à la République ?
Je lui reproche, déjà, de ne pas être en vérité sur elle-même. Je lui reproche de se confondre avec la démocratie. Or la République n’est pas la démocratie, et n’a jamais prétendu l’être. Ce mot de République, lorsqu’il est apparu à Rome sous l’Antiquité, puis lorsqu’il est réapparu à la Renaissance, à la signification d’État fort ne tenant sa légitimité que de lui-même et étant capable de produire des normes de manière autonome. République ne signifie donc pas du tout démocratie, et a d’ailleurs été remis au goût du jour par un penseur de l’absolutisme comme Jean Bodin. C’est d’ailleurs pour cette raison que le mot République plaît à droite, parce qu’on y voit un État fort.
Nous sommes donc passés de l’État régalien d’Ancien Régime, à l’État providence, et maintenant à l’État sanctificateur, qui veut faire de nous des saints, en luttant contre nos haines, en nous invitant à accueillir l’Autre, à ne plus juger le pécheur. Il y a donc une application politique du message évangélique
En outre, la République a choisi d’entrée de jeu un mode démocratie représentatif, et non direct. Ce mode de fonctionnement représentatif a été mis en place pour qu’une caste de sachant filtre les revendications du peuple, celui-ci étant considéré comme trop immature pour savoir ce qui est bon pour lui.
J’ajouterai aussi que la République se refuse à voir sa nature profondément religieuse. Loin d’être en rupture avec l’Ancien Régime, sur les rapports entre pouvoir et religion, la République n’est que la poursuite, l’achèvement, l’aboutissement de ce qui avait été commencé de longue date par les rois. Ceux-ci s’étaient toujours efforcés, quoique rois catholiques, de soumettre l’Église catholique, que ce soit à travers le gallicanisme, l’absolutisme, ou même le despotisme éclairé, bien que ce dernier aspect n’est vu le jour que sous la Révolution. A ce sujet, il est intéressant de voir que les réformes d’un despote éclairé comme Joseph II d’Autriche furent ensuite appliquées à la France par la Révolution à ses débuts, quand Louis XVI était monarque constitutionnel. Il y eu la confiscation des biens du clergé, ce qu’avait fait Joseph II, la fermeture des monastères, idem, la fonctionnarisation du clergé, etc.
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