Succulente passe d’armes ce mardi au sein de la droite française. Invité au 20h de TF1, Xavier Bertrand a dévoilé, une fois de plus, ses ambitions présidentielles : « Je suis candidat à l’élection présidentielle. […]Depuis le premier jour, j’ai joué la transparence. En toute cohérence, je ne serai pas candidat à une primaire ». Un peu plus tôt, le bureau national des Républicains se réunissait pour entériner le calendrier et le mode de sélection du candidat, sur les conseils de Jean Leonetti : un grand sondage auprès de 15 000 électeurs fin août, puis une campagne en octobre, et un vote électronique à un tour en novembre. Ne parlez pas de « primaire » ni de « système de départage » : c’est un « processus de rassemblement ». Le diable est dans les détails.
Bertrand prend tout le monde de vitesse
Audacieux au-delà de son indigence, Bertrand a choisi sa propre voie en court-circuitant le parti qu’il a quitté en 2017, et pris de ce fait une longueur d’avance sur les autres ténors, alignés sur la position de l’appareil. La veille, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau et Hervé Morin signaient une tribune commune dans Le Figaro pour appeler à l’organisation d’une primaire. Plutôt qu’à des « aventures solitaires » départagées au premier tour de l'élection, plutôt qu’à un « deus ex machina » qui réglerait la question, plutôt qu’à des « sondages, dont la fiabilité est plus que jamais mise en doute », tous appelaient d’une même voix à la compétition interne. En clair, tous les prétendants trop peu courageux pour se lancer et incapables de s’imposer par eux-mêmes réclament un processus intermédiaire pour se remettre en selle, Wauquiez et Retailleau misant sur la radicalité des adhérents, Pécresse sur la primaire ouverte.
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La primaire a pourtant montré ses limites en 2017. Conjoncturellement d’abord, parce qu’elle a empêché tout substitut à la candidature Fillon quand celle-ci partait à vau-l’eau. Structurellement ensuite parce qu’elle nourrit les divisions en internes, fractures qui ne sont pas toujours en mesure d’être refermées au moment de faire front commun contre les autres partis. « Ça veut dire que, pendant des semaines, vous avez des écuries qui se constituent avec un niveau de haine irréparable ! Derrière ça, il y a impossibilité de se rabibocher dans un temps rapide » a d’ailleurs lancé Jean-François Copé au cours de la réunion. Surtout, le militant LR étant marqué à droite, le risque est bien d’avoir un candidat de niche qui peine ensuite à se détacher de cette identité primordiale, tel François-Xavier Bellamy lors des élections européennes. [...]
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