Ce livre est une œuvre d'art, et comme toutes les œuvres d'art il ne sert à rien, seulement à exister. Les pages peuvent s'ouvrir au hasard, comme une bible, pour y trouver ce qu'on cherchait et encore plus – comme un bon texto, une nouvelle manière de porter une veste. La littérature est tellement solide qu'elle n'a pas besoin de narration.
Doit-on encore présenter Simon Liberati, journaliste (de 20 ans à Vogue) mondain, alcoolique (on se souvient de son passage chez Ardisson), anthologiste de génie (113 études de littérature romantique), écrivain à paillettes et destin brisé, aristocrate white trash sans château.
L'écho est ici intime. Ce journal – comme tout livre – est une déclaration d'amour à Eva Ionesco. Sont-ils vraiment séparés ? Peut-on se séparer vraiment ? L'autre nous dérange toujours, dans l'absence comme dans la présence. « L'autre pue » dit-il. Et de continuer, « mais il brise une certaine facilité d'être seul qui m'aurait desséché ».
Les choses sont toujours menacées, précaires, comme les états de grâce.
Il aime les ruines d'Armentières sur Ourq, les monuments aux morts d'Oulchy le Château, les tombeaux abandonnés comme le bois du Mausolée, la désolation des lieux comme les pin-ups assassinées et le vieux cuir des bagnoles anciennes ; la peinture aussi, notamment le portrait de Lady Alston par Thomas Gainsborough au Louvre. [...]
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