L’univers se divise en deux catégories : ceux qui vous cuisinent toujours leur plat préféré étant certains de le réussir ; et les autres, qui jouent la carte du changement, de l’exotisme, et qui risquent autant de décevoir que de ravir par surprise. Depuis sa naissance, Jason Pierce, cerveau de Spiritualized, fait partie de la première catégorie, avec des chansons en guise de repas, si bien qu’à chaque fois que l’on s’apprête à découvrir un nouvel album de Spiritualized, on doute très franchement d’y entendre autre chose que ce qu’il sait admirablement faire. Ce que c’est ? Du rock n’roll qui va de la berceuse sous opiacés à la déflagration sonique, le tout saupoudré de chœurs gospel et de couches symphoniques à la Phil Spector. Son nouvel album, Everything Was Beautiful continue donc dans cette veine, et avec la voix d’un Graham Coxon privé de sommeil mais rassasié de drogues diverses, Jason Pierce parvient encore à nous ensorceler avec ses mantras psychédéliques. Meilleur encore que le déjà très bon And Nothing Hurt, ce dernier disque représente sans doute l’un des sommets de la discographie du groupe. Nous prions désormais pour que le corps endommagé de Jason Pierce tienne encore suffisamment longtemps pour qu’il puisse nous abreuver d’autres offrandes. Son âme, elle, a toujours vogué dans les cieux. Emmanuel Domont
PUISSANT ET ACIDULÉ
AS I TRY NOT TO FALL APART, WHITE LIES, PIAS – 14,99€
Il faut l’avouer, si j’étais passé à côté de White Lies, c’était volontairement. Ce groupe me semblait une version vulgaire, bâtarde et taillée pour les stades d’une sorte de post-punk à mi-chemin entre Interpol et Franz Ferdinand, mais ne faisant honneur ni à l’un ni à l’autre. Et puis on se réveille un matin décidé à écouter les derniers singles de ceux que l’on méprisait gentiment la veille. Mieux, on se surprend à les écouter plusieurs fois d’affilée, de plus en plus fort, et à trouver ça très bon, finalement. Si la vie réserve des surprises, As I Try Not to Fall Apart en est une, et une bonne. Alliant un véritable sens des refrains à une énergie qui fait trop souvent défaut aux artistes creusant ce sillon, White Lies impressionne par ce cocktail ni trop sucré ni pas assez, puissant et acidulé ce qu’il faut. Avec cette version revue et corrigée des eighties alliée à la force de production des jours nouveaux, nombreux seront ceux qui ne pourront résister à remuer sur les basses sautillantes et impériales qui peuplent ce disque. Quand on est converti avec plaisir, le mea culpa est plus aisé. ED
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