Ne croyez pas ceux qui vous disent le contraire : le cinéma soviétique est le plus grand, le plus beau, le plus miraculeux des cinémas. On ne fera jamais mieux. C’était comme si l’homo sovieticus avait été conçu pour cette forme particulière de l’enregistrement : pour le montage, pour le cadrage, pour la lumière, et même pour la direction d’acteurs. Les grands films soviétiques planent à quelques parsecs au-dessus du reste. Bizarre, quand on pense qu’ils ne sont rien d’autre que des films de propagande. Il faut croire que celle-ci à poussé les réalisateurs dans leurs retranchements, les a forcés à sortir le meilleur d’eux-mêmes en travaillant sur une base simpliste –en général, la glorification du parti communiste.
Un film de commande
Mikhaïl Kalatozov (1903-1973) partage avec ses coreligionnaires un profil de « savant », car tous les grands réalisateurs russes ne le sont souvent que par dépit, d’abord attiré par les sciences, la médecine, la poésie… c’était comme si le cinéma s’était finalement imposé à eux comme le seul moyen de calmer leur soif de beauté et de connaissances. Kalatozov, inspiré par l’avant-gardisme des années 30 et notamment le futurisme, se voit vite placardisé par le régime - un joli placard tout de même puisqu’il est attaché culturel à Los Angeles après la guerre. C’est sans doute là que son amour pour le cinéma se réveille : à son retour, il signera son plus grand succès, Quand Passent les Cigognes, mélodrame d’une force visuelle quasi-éprouvante relatant un amour impossible pendant la seconde guerre mondiale. Palme D’or au festival de Cannes, l’attention du monde entier se tourne alors vers le cinéma soviétique poststalinien, qui semble avoir trouvé la grâce.
[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !