Quand on parle de Claude Lanzmann, on pense immédiatement à ses réalisations, et surtout à Shoah. Dans L’automne à Pyongyang, il est question de son ultime voyage en Corée du Nord en 2018. Ce voyage est l’occasion d’un retour sur sa vie, sur sa relation avec Simone de Beauvoir et ses amours communistes. Introspection et hommage, ce film est poignant d’émotions et de souvenir. La quête qui l’anime est celle de l’abolition du temps, mise en parallèle avec le régime communiste qui n’a pas évolué depuis le premier voyage de Claude. L’éternité, voilà le but de Claude Lanzmann, qu’il n’atteindra évidemment jamais. Ce film cherche donc comme palliatif la survie du réalisateur dans les mémoires.
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De ce documentaire se dégage une impression d’authenticité, d’absence d’artifices. Durant le voyage au pays de Kim Jong-un la chasse de l’éternel reprend son sens ; les villes, les paysages pauvres et inchangés depuis la guerre de Corée semblent abolir le temps. Claude récite Arthur (Rimbaud), symbole de liberté, en oppositions totale avec les censures du pays hôte. La complicité de Lanzmann avec ses guides tout au long du voyage est formidable. Tout est réussi dans ce film-documentaire, que ce soit la photo, l’histoire (qui a vrai dire n’en est pas une), les dialogues (vrais) entre le réalisateur et ses interlocuteurs… Tout donne l’envie d’être à leurs côtés. Tout au long de sa vie Claude Lanzmann fit vivre dans ses œuvres la grande histoire et par cela celle de sa vie. Ce film est un hommage merveilleux à son geste, dans le pays où le temps a disparu.
L’AUTOMNE À PYONGYANG, de François Margolin, 12 mai 2023, film