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Jean-Frédéric Poisson : « L’État délaisse notre patrimoine, la société civile le sauve »

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25 avril 2023

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Président de VIA | La voie du peuple, Jean-Frédéric Poisson s’inquiète de l’état désastreux de notre patrimoine et appelle les députés à interpeller le président Emmanuel Macron afin qu’il prenne conscience de ses responsabilités en la matière. Tribune.
Poisson

Les exemples s’accumulent : la chapelle Saint-Joseph en voie de démolition au Mans, un ancien couvent du XIVè siècle abandonné à Port-Sainte-Marie, les toitures du château d’Enghien qui prennent l’eau. Dans le même temps, on peut lister de manière non exhaustive l’incendie criminel de la cathédrale de Nantes en 2020, celui de l’église lilloise Saint-Pierre Saint-Paul de Wazemmes en 2021 ou encore plus récemment, les églises vandalisées à Metz ou à Angers, les calvaires renversés et les statues déboulonnées ; sans compter tous les sites qui ne bénéficient pas de relais médiatique et qui disparaissent lentement…

En février 2021, Stéphane Bern nous avait prévenus sur l’aspect préoccupant de cette situation, arguant notamment que nous étions « à la veille d’un désastre » si nous ne nous mobilisions pas. Aujourd’hui, hélas, rien n’a changé. Ne serait-ce que sur le périmètre parisien, de nombreuses églises sont dans un état périlleux avec des chutes de pierres, des murs effrités, des toiles de maître craquelées ou encore des sculptures abîmées. Notre patrimoine est en danger ! Sur tout notre territoire, les cris d’alerte tonnent sans que rien ne soit fait au niveau de l’État pour panser les plaies, colmater les brèches, remettre à neuf l’héritage bâti par nos ancêtres.

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Concernant Notre-Dame de Paris, on ignore ce qui se serait passé si des donateurs et des mécènes du monde entier n’avaient pas mis leurs moyens financiers à contribution pour financer une grande part de sa restauration (60 000 dons reçus depuis le 17 avril 2019), si des particuliers n’avaient pas proposé les chênes séculaires de leurs propriétés pour remplacer sa charpente, si des bénévoles n’avaient décidé de s’engager en faveur de la dame de pierre. Emmanuel Macron aurait-il été en mesure d’assurer crânement qu’il tiendra sa promesse de reconstruction en cinq ans, comme il s’en est vanté au cours de sa visite du chantier le 14 avril dernier ?

Face à cette situation, notre gouvernement nous envoie donc un message clair : nous devons nous satisfaire de cette situation catastrophique ou bien sortir l’argent de notre poche pour sauvegarder ce qui peut encore l’être à la mesure de nos moyens. L’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a mis des mots sur cet état d’esprit lorsqu’elle a déclaré en janvier dernier que l’on avait construit trop d’églises au XIXè siècle et qu’il allait falloir se résoudre à les raser ou bien à sauver ces édifices avec nos propres moyens. Il est consternant que dans un pays où les citoyens sont particulièrement sollicités avec pas moins de 214 impôts et taxes différents, l’État n’ait même pas les moyens de sauver notre patrimoine.

Nous n’avons rien à attendre de l’État, et tout de la société civile

Il est encore plus consternant que ce même État ait les moyens de financer des centaines d’artistes contemporains qui influencent la société par des œuvres de propagande dédiées à l’espace public, d’employer plus de 25 000 fonctionnaires dont les « fonctionnaires de la création artistique » qui font office de « police de l’art », de subventionner pour des coûts exorbitants des tentatives artistiques douteuses telles que les cercles jaunes sur les remparts de Carcassonne de Felice Varini, ou les sculptures géantes façon ballon de baudruche de l’américain Jeff Koons en plein cœur du château de Versailles.

Que nous apprennent tous ces éléments ? Ils nous rappellent simplement que nous n’avons rien à attendre de l’État, et tout de la société civile. Comme sur de nombreux sujets politiques, les initiatives de la part de nos compatriotes donnent des résultats bien supérieurs aux actions dérisoires de l’État centralisé actuel. En matière de patrimoine, saluons notamment l’excellent travail effectué par Urgences Patrimoine, SOS Calvaires, Arcades, Mémoire du futur ou encore le projet Pharamond. Il y en a beaucoup d’autres et il est indispensable d’appuyer leurs actions sur le long terme. Mais au-delà du tissu associatif et de toutes les bonnes initiatives, nous en appelons à nos députés : ils doivent interpeller Emmanuel Macron. Lui faire prendre conscience de ses responsabilités à l’égard de notre patrimoine, comme l’ont fait les 131 parlementaires de la droite et du centre en février dernier. Nous n’attendons pas de notre gouvernement qu’il s’établisse comme de garant de la création artistique, nous attendons de lui qu’il protège le patrimoine dont il a la charge, pour le transmettre intact à son successeur. Pourvu que ce dernier nous arrive le plus rapidement possible.

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