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Killers of the flower moon : Lune froide

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Publié le

26 octobre 2023

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De l’histoire vraie d’une épidémie de meurtres en tribu Osage, Scorsese tire un pensum répétitif et mal fichu.
Copyright Paramount Pictures

De plus en plus souvent, les films-évènements que l’actualité culturelle nous jette entre les jambes comme autant de boules de bowling ne tiennent leurs promesses ni en tant qu’évènements, ni en tant que films. Leur statut de films-évènements semble se résumer à la signature de leur auteur, au sujet vendeur a priori, et à la durée contresignant la fausse nécessité du tout. Après le sépulcral The Irishman, qui avait un certain cachet, Martin Scorsese rejoue le film testamentaire cette fois-ci à l’échelle d’une nation : Killers of the flower moon, adapté d’un roman de David Grann, La Note américaine, s’intéresse aux meurtres inexpliqués de plusieurs indiens Osage aux débuts des années 20 et à l’enquête chapeautée par le jeune J. Edgar Hoover, pas encore à la tête du FBI. Cette tribu déplacée sur une terre qui s’avèrera pétrolifère s’est vue gratifiée d’une manne financière pas dénuée d’inconvénients, dont ces assassinats forment la partie émergée.

Si le désir cinématographique de Scorsese se confond avec le noble sentiment de rendre justice aux Osage, il se traduit malheureusement à l’écran par un pudding incohérent, voire même contreproductif. La première partie – la meilleure, du moins la plus regardable – présente la situation particulière des Osage, à l’occasion du retour en Oklahoma d’Ernest Burkhart,  vétéran de la première guerre mondiale (Leonardo DiCaprio) chez son oncle éleveur William Hale (Robert de Niro). Il apparaît rapidement qu’épouser une femme Osage est une garantie sur l’avenir, tout comme les enfants qui naîtront dudit mariage. Il suffit que le lucre, la stupidité et l’appétit homicide entrent dans la danse pour que les morts s’accumulent.

L’extrême redondance des contrats et des machinations confond la banalité du mal avec la médiocrité de sa représentation

Scorsese commet l’erreur de révéler très rapidement les coupables et d’adopter leur point de vue, si bien que la seconde partie ressemble à une partie de tir aux pigeons assez déplaisante où les Osage sont plus des victimes en sursis que des personnages développés, à l’exception de Molly, la femme d’Ernest (Lily Gladstone). L’extrême redondance des contrats et des machinations confond la banalité du mal avec la médiocrité de sa représentation. L’enquête bâclée de la dernière heure insère les sempiternelles scènes de procès, sans lesquelles aucun film ne semble devoir exister aujourd’hui. Un final radiophonique permet à Scorsese lui-même de rendre hommage à la vraie Molly décédée en 1937, comme si son film ne suffisait pas.

Et de fait, Killers of the flower moon, ne suffit pas avec ses 3h26 mal embouchées, ses références d’Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944) à Hantise (Geroge Cukor, 1944), et sa direction artistique au cordeau. Battre sa coulpe ne remplacera pas un talent presque évaporé, figé dans l’académisme. DiCaprio et De Niro, difficilement supportables, se livrent à un concours de trognes, renfrognée ou bêtasse. Seule Lily Gladstone et son beau visage de Madone intéressent un peu. On aimerait que son personnage soit mieux écrit et mis en valeur, et que l’histoire ne soit pas traitée comme un simple slapstick fatal. Killers of the flower moon prouve une fois de plus s’il était besoin qu’on ne fait pas du bon cinéma avec de bonnes intentions.

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