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[Enquête] Euthanasie : à qui profite le crime ?

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Publié le

20 février 2024

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La légalisation de l’euthanasie serait une bonne nouvelle pour les comptes de la Sécurité sociale et des mutuelles. Cela explique leur soutien à la loi sur la fin de vie. Et laisse augurer d’un monde où il faudra payer pour rester en vie. Les pauvres seront priés de se laisser piquer.
© Marek Studzinski – Unsplash

D’après une étude de 2018 (« Évaluation médico-économique du coût de la fin de vie » par le professeur Guy Delande de l’Université de Montpellier), la dépendance coûte environ 24milliards par an à l’État, partagés entre le budget des soins et des aides diverses. Il faut ajouter 7 milliards dépensés par le privé pour le reste à charge. Presque la moitié de cet ensemble, 14 milliards d’euros, sert à financer les derniers mois de vie. Lors de ses douze derniers mois, une personne coûte en moyenne 26 000 euros, là où la moyenne des dépenses de santé s’élève à 3 000 euros par habitant. La tentation est forte de réduire de tels montants en accélérant le trépas des impétrants.

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Pour cela une théorie a été toute trouvée : « la juste durée de vie », issue du concept de fair innings américain. Il renvoie à l’idée que chacun a droit à une juste durée de vie en bonne santé. S’il meurt trop tôt, il sera « volé », mais s’il survit, alors il vit à crédit sur la société. La juste durée de vie ne se conçoit par sur le plan individuel de la décision de traitement, mais à l’échelon de la gestion des ressources collectives. On ne se pose pas la question de savoir s’il faut pratiquer d’ultimes efforts pour maintenir telle ou telle personne en vie. En lieu et place, on questionne le besoin de dépenser pour prolonger la vie en général, au-delà de ce qui est dû et légitime. Une question à laquelle le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a répondu dans son rapport sur la fin de vie: « Le droit à la vie ne vaut pas devoir de vivre. »

Il existe depuis des décennies la notion de valeur de la vie statistique (VVS), définie par l’État. Elle permet de décider si une dépense publique est nécessaire pour réduire un risque en perte humaine. Fixée en 1973 à 300 000 francs, elle dépasse aujourd’hui 3millions d’euros, dont 160 000 euros par année de vie. Si la construction d’un rond-point, qui coûterait 1,5 million, permettait d’éviter deux accidents mortels par an, les calculs seraient bons. Mais si la construction d’un centre de sport gériatrique, d’une valeur de 7 millions, permettait d’économiser un décès annuel d’une personne de plus de 75 ans, il n’y aurait pas d’intérêt à le construire.

Le fair innings va un cran plus loin. Puisque les dépenses de santé des personnes croissent avec l’âge et que cet argent serait plus légitimement investi pour ceux qui sont menacés de ne pas avoir leur dû, comme un jeune menacé par un mauvais pronostic, alors autant détourner les budgets des vieux en fin de vie vers les jeunes malades. Pour se justifier, les partisans de la juste durée de vie osent plaider que leur idée permettrait de donner une forte priorité d’allocation des ressources collectives aux groupes sociaux plus jeunes, malades et défavorisés socialement plutôt qu’aux « vieux riches ».

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Sauf que, dans la vraie vie, ce sont les vieux pauvres qui paieront le prix de la juste durée de vie. Si la loi euthanasie est votée, face à la forte croissance du nombre de personnes âgées en France, très vite une pression « amicale » interviendra pour les décider à en finir. Cette pression pourra venir des hôpitaux pour que les lits soient le moins possible occupés, ou des mutuelles. La Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) diffuse un guide d’accompagnement sur la fin de la vie. Ce document indique que si vous avez « besoin d’être écouté et soutenu », vous pouvez contacter l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). La loi n’est pas encore votée que la MGEN incite déjà ses adhérents en mauvaise passe à faire le grand saut, au nom de « valeurs de solidarité et d’entraide ». Dans 30 ans, peut-être 20 ou 10, il y a ceux qui pourront se payer les 26 000 euros de leur fin de vie, et les autres.

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