Ce lundi 17 juin, dans son article intitulé « Le Rassemblement national et ses candidats racistes, antisémites et complotistes » et rédigé par Pierre Plottu et Maxime Macé, le journal Libération jetait en pâture le candidat investi par le Rassemblement national dans le Morbihan, Joseph Martin, en l’accusant d’antisémitisme. À l’origine de cette accusation, un tweet datant du 22 octobre 2018, repris par Libération sans contexte, qui stipulait : « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah. »

À peine publié, l’article a été immédiatement repris par de nombreux journalistes et opposants politiques, comme Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste : « Il s’agit d’un candidat RN. La matrice du RN est le racisme et l’antisémitisme. Simple. Son soutien au Gvt Netanyahou n’est qu’une façon de se « blanchir » et de trouver un nouvel argument dans la guerre des civilisations qu’il entend mener contre les Français musulmans. Basic » ou encore Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV : « Mesdames et Messieurs… Je vous présente Joseph Martin, candidat RN dans le Morbihan. Ces propos sont intolérables. Et ce Monsieur voudrait siéger à l’Assemblée nationale ? @J_Bardella doit lui demander de retirer sa candidature. Immédiatement » et Prisca Thévenot, porte-parole du Gouvernement : « À tous ceux qui pensent que le RN a changé : voici le candidat choisi par Jordan Bardella pour le représenter à l’Assemblée nationale… »

Interrogé sur le tweet supposément antisémite à l’occasion d’un déplacement en région parisienne, le président du Rassemblement national a répondu « n’avoir aucune forme de tolérance à l’égard de ce type de propos » et que « les personnes qui ont des propos qui sont contraires à la ligne du parti que je porte et à celle que porte le Rassemblement national ne siégeront pas dans le groupe du Rassemblement national ».

Un peu plus tard dans la journée, la sentence tombe via l’AFP : « Le RN retire son soutien à l’un de ses candidats dans le Morbihan, Joseph Martin, après la révélation d’un message antisémite qu’il avait publié sur les réseaux sociaux en 2018. » « Il n’a plus le soutien du Rassemblement national, il est suspendu et sera convoqué en vue de son exclusion », précise le parti à l’AFP.

Une décision soudaine dans le but évident de n’entretenir aucune complaisance à l’égard l’antisémitisme, alors que le Rassemblement national se présente désormais comme le rempart aux dérives antisémites du Nouveau Front populaire.

Un peu plus tard pourtant, le site Fdesouche met en lumière la date de publication du tweet, qui correspond au lendemain de la mort du négationniste notoire Robert Faurisson. En clair, si l’ironie est maladroite, c’est donc d’une véritable « justice aux victimes de la Shoah » dont parlait le candidat du Morbihan.

Le candidat n’était d’ailleurs pas le seul à ironiser sur le décès de Robert Faurisson au lendemain de l’événement. En effet, en plus de nombreux internautes, la LICRA elle-même avait tweeté à deux reprises, le 22 octobre 2018 : « Robert Faurisson exigerait des preuves de sa propre mort. #nifleursnicouronnes » et « D’après France Soir, Robert #Faurisson serait mort. Mais qu’est-ce qui le prouve ? »

Pour assurer la bonne foi de Joseph Martin et le caractère ironique de son tweet, est ressurgi, à nouveau grâce au media Fdesouche, un autre tweet du candidat, publié le 7 novembre 2018, qui éclaire très bien le propos antinazi et l’absence totale d’antisémitisme de son auteur : « Le fait que Pétain ait été un héros durant la première guerre mondiale, n’excuse en rien sa collaboration avec les Nazis. Cet homme doit être banni et oublié de l’histoire en tant que héros. »

Suite à ces révélations, le journal Libération a fini, à 16h30 par publier un timide encart de mise à jour, entièrement écrit au conditionnel : « Mise à jour le 19 juin à 16h30 : mercredi, suite à la publication de cet article, le Rassemblement national a retiré son soutien à Joseph Martin. De leur côté, des internautes ont mis en doute le caractère antisémite du message  « le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ». Il pourrait s’agir, selon eux, d’une manière maladroite de se réjouir du décès, survenu la veille de ce message, du négationniste Robert Faurisson. Libération a recontacté mercredi la fédération RN du Morbihan pour être mis en relation avec Joseph Martin, sans suite à ce stade. »

D’autres organes de presse et journalistes, comme le Huffington Post, Renaud Dely de France Inter, Raphaël Grably de BFM TV, Caroline Fourest de Franc-Tireur, ainsi que les personnalités politiques citées plus haut, n’ont à cette heure toujours pas repris ces nouvelles révélations. Le RN n’a toujours pas réagi.

Joseph Martin avait déjà été investi candidat par le RN aux législatives de 2022, dans la deuxième circonscription du Morbihan. Il avait recueilli 15,35% des voix au premier tour, sans réussir à se qualifier pour le second tour.