L’automne en Nouvelle-Angleterre. Un terrain de baseball sur le point d’être rasé accueille deux équipes d’amateurs : des hommes de tous âges vont s’y affronter lors d’un ultime match. Eeephus, le dernier tour de piste est le récit de cette rencontre soumise à une triple unité de temps, de lieu, d’action (point notable : le baseball, comme le tennis, se joue sans durée préalablement définie). Il ne faut pas craindre devant ce très beau premier film de ne pas comprendre les règles d’un sport peu goûté chez nous. L’important se joue ailleurs, dans la compréhension qu’a d’elle-même une communauté aux prises avec sa disparition annoncée. En parallèle chef-op’ du très médiocre Noël à Miller’s point, Carson Lund est sans conteste un cinéaste hawksien, mais il se rapproche plus encore de Carpenter, ce Hawks des ténèbres. Les phares des voitures éclairant la fin de match nocturne renvoient à Christine. Les tempéraments se tendent et s’assouplissent, un arbitre compte les points derrière un grillage. Des enfants passent, une femme cherche son mari. La partie est la vie qui passe. Une absence rafraîchissante de dramatisation donne du poids à certaines répliques faussement cocasses, « Ta mère court plus vite que toi », ou indéniablement justes, « Pour chaque beau geste défensif, il y a un lancer de merde. » [...]
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