Les écrivains, ça va, ça vient. La modernité en dégueule par palettes entières à chaque rentrée littéraire, tout neufs, tout lustrés, déjà par leur morgue naissante, bien calfatés et préparés pour affronter les talk-shows et les arènes truquées du Goncourt. Plus besoin d’écrivains, non. Par contre, il nous faut des lecteurs. Des exégètes, qui trouvent leur génie dans celui des autres, qui relisent, repassent les contours, réfléchissent dans le sens optique du terme. Un écrivain n’est jamais aussi noble que lorsqu’il se met à genoux devant un autre. Toute envie d’écrire est le récit d’une passation de pouvoir, empêchée par les trémulations diverses de l’ego (syndrome de l’imposteur, filiation contrariée, etc.). Alors voilà, on a eu évidemment d’illustres recenseurs, à commencer par le trop méconnu Guy Dupré, sabreur de l’ombre qui emporte tout un pan du roman national dans le fulgurant Je Dis Nous. Mais aujourd’hui ? Avec Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier se lance dans l’exercice acrobatique de la louange. Attention : faire des louanges ne vous exonère d’aucun appareil critique, d’aucune âpreté contre la modernité, contre les concussions inertes du book’s game d’aujourd’hui. Bien au contraire. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !