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The Florida Project, A Ghost Story, La Promesse de l’aube, L’échange des princesses… Tour d’horizon des sorties cinéma.
The Florida Project : Ceux qui ne sont rien
De Sean Baker
Avec Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Willem Dafoe
Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien… Avec The Florida Project, Sean Baker nous plonge au cœur de motels qui bordent la route menant au « Royaume enchanté » de Disney. Ce ne sont pas les touristes qui y logent mais des familles sans-abri, qui payent à la semaine, se déchirent ou s’entraident. Un monde de ceux qui ne sont rien qui côtoie la capitale mondiale de la consommation. Le réalisateur américain choisit d’épouser le regard de l’enfant. Un choix judicieux lui permettant de placer sa caméra – et donc son regard – à une bonne distance de son sujet, ni impudique, ni moraliste, ni emphatique. Dès les premières minutes, l’endroit sordide devient un terrain de jeu et d’aventure sans fin. Par ses longs travellings filmant les escapades des enfants, on y découvre ce village projets aux couleurs rose bonbon et ces grandes enseignes à l’apparence enchanteresse. Mais rapidement, la magie s’échappe et ce monde d’enfants qui ne tient qu’à la bienveillance de Bobby, manager du motel et ange gardien malgré lui, s’effondre. Dans un monde d’adultes nombrilistes où tout n’est que consommation, la première victime reste l’enfant, nous conte Sean Baker.
A Ghost Story : une petite merveille
De David Lowery
Avec Casey Affleck, Rooney Mara
Le fantôme d’un homme, C., rend visite à sa femme, M., dans la maison qu’ils partageaient. Si David Lowery s’amuse des codes de films de fantômes – objets qui volent, poignée de porte qui tourne, jusqu’au fantôme lui -même, simplement affublé d’un drap blanc et de deux trous pour les yeux – ce dernier n’est qu’un prétexte pour nous emmener ailleurs. En épousant le point de vue du fantôme prisonnier de sa maison, le réalisateur questionne le sens de la vie (et donc la mort), à savoir le deuil, le temps et la transmission. Il joue avec la durée, la raccourcit, la retourne ou l’étire comme ce surprenant plan fixe de 4 minutes de M. assise par terre pour avaler une tarte jusqu’à la vomir. À l’exception d’une longue tirade nihiliste un peu fumeuse, Lowery économise les dialogues et montre par l’image notre fragilité, nos limites et l’influence, aussi minime qu’un mot sur un bout de papier, de nos actes. Véritable objet cinématographique, A Ghost story propose une saisissante méditation sur l’éphémère de notre existence. Une petite merveille pour Noël.
La Promesse de l’aube : une grande épopée populaire
De Éric Barbier
Avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon
L’adaptation d’un roman au cinéma nécessite de trahir sans inhibition, mais avec fidélité, une œuvre qui nous a profondément marqués. Mais s’attaquer à ce que beaucoup considèrent comme LE roman initiatique de référence et qui a bercé la jeunesse de dizaines de générations relève d’une gageure suicidaire. À la moindre erreur, c’est la guillotine garantie. Avec sa Promesse de l’aube, Éric Barbier fait coup double : conserver l’essence du chef-d’œuvre de Gary et exhumer un genre disparu, le grand film d’aventure populaire. Comme Gary adapte sa propre vie pour mieux sublimer ses souvenirs, Barbier choisit une reconstitution visuelle très esthétique, portée par une photographie magnifique. Si le film témoigne d’un souci de réalisme, il ne s’inscrit pas dans une restitution historique mais bien cinématographique. À une époque où le cinéma français assimile « populaire » et « beauf », Éric Barbier renoue avec les grands films populaires d’antan, drôles, spectaculaires et émouvants, comme dans ce délicieux travelling final vertical où Barbier quitte son personnage sur ces mots : « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. »
Star Wars VIII : quelques réponses et beaucoup de questions
De Rian Johnson
Avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac
Repéré par le grand public pour l’excellent Looper sorti en 2012, Rian Johnson avait la lourde tâche de relancer la franchise Star Wars après un épisode VII au succès critique mitigé, par trop respectueux du matériau d’origine. Un pari partiellement réussi. Les défauts du VII sont, en effet, toujours présents. Afin de se démarquer de la prélogie de George Lucas, Disney a sacrifié la mythologie politique de Star Wars, ce qui donne l’impression gênante d’une trilogie isolée traitant d’un conflit régional. Quid de la Nouvelle République ? Quid des planètes les plus peuplées ? Nous ne savons rien. Pareillement, le film se déroule majoritairement dans l’espace, les peu nombreuses planètes étant à peine visitées. La caméra ne se repose jamais, comme pour mieux souligner que l’univers Star Wars est chamboulé, maltraité, sinon défiguré. Parfois pour le meilleur, les batailles spatiales étant prodigieuses, parmi les plus impressionnantes de la série. Reprenant là où Star Wars VII s’était arrêté, Rian Johnson semble s’évertuer à perdre le spectateur et ses personnages, les entraînant dans une course folle qui remet en question toutes leurs croyances. Les risques pris par Rian Johnson, d’envergure pour une telle superproduction, devraient d’ailleurs diviser la communauté des fans. Au fond, ce Star Wars VIII ne pourra être correctement jugé qu’à l’aune du IX, le scénario semblant taillé pour maintenir le suspense sur la suite des aventures de la famille Skywalker. Par Gabriel Robin
L’échange des princesses : un sentiment de supériorité
De Marc Dugain
Avec Lambert Wilson, Anamaria Vartolomei, Olivier Gourmet
En 1721, une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France, pour mettre fin aux années de guerre entre la France et l’Espagne : marier sa fille, Mlle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne et marier Louis XV, 11 ans, à l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria âgée de 4 ans. Marc Dugain évite le piège du grand film historique que seuls les anglo-saxons savent si bien faire (Barry Lyndon) et choisit de se concentrer sur l’intimité de ses personnages. Rarement des enfants ont été aussi justes dans le cinéma français. Si on peut contester ce choix facile de désacraliser le monarque, il faut reconnaitre à Dugain un certain talent pour saisir les doutes et la charge écrasante de la fonction pour un enfant. Son cinéma classique mais sans tomber dans l’académisme est porté par une photographie magnifique. Reste encore et toujours cette suffisance si française à injecter dans le passé un sentiment de supériorité sur ses pères. Aussi inutile que désagréable. Dommage.
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