Plagiaire abject
IDOLS, Yungblud, Capitol Records, CD 18€
Le mois dernier, j’exprimais mon dégoût d’entendre partout les détestables dernières chansons de Damiano David : il faut croire que rien ne s’arrange jamais, me trouvant désormais face à Yungblud qui présente ses abdominaux autant que ses fatigantes nouvelles chansons. Pour couronner le tout, il faut se farcir les « Il est adorable et proche de ses fans » de la part d’idiots aux oreilles infectées par on ne sait quelle foutue maladie audio-cérébrale. Écoutez une chanson comme « Zombie » pour vous rendre compte de l’abomination : c’est un peu comme si le chat de Richard Ashcroft (vous savez, « Bittersweet Symphony », tout ça) s’était mis à imiter son maître avec un cancer de la gorge. Tout ou presque est inaudible, et quand ça n’est pas le cas, c’est d’une répugnante fadeur. Même lorsqu’il vole à Placebo (« The Greatest Parade ») ou honteusement au Parklife de Blur (« Lovesick Lullaby »), c’est en éboueur musical. S’il y avait une chose à sauver chez lui, ce serait ses très belles bottes de motard à boucle qu’il porte depuis quelques temps et qui me font envie : c’est déjà ça. Emmanuel Domont

Punk post-moderne
NEVER ENOUGH, Turnstile, Roadrunner Records Inc. CD 16€
Dans ce registre, c’est sans doute l’album le plus important depuis The Shape Of Punk To Come de Refused en 1998. Pourquoi ? Parce que Turnstile dépasse aussi largement les cadres d’un punk-hardcore pour faire de ce disque un objet-pop connecté à l’époque. Des refrains qui explosent comme du Rage Against The Machine finissent avec des claviers atmosphériques ; les voix bourrées de reverb s’engouffrent dans des mélodies qui s’approchent d’un tube de Police façon millenials. Ces paradoxes pourraient repousser, voire dégoûter : ce n’est pas le cas. Ce baroque post-moderne touche singulièrement. Charlie XCX leur faisait une promotion gigantesque lors du dernier Coachella, laissant apparaître sur l’écran géant derrière elle un : TURNSTILE SUMMER, à la suite du BRAT SUMMER (du nom de son dernier album) qui avait déferlé l’été précédent sur le monde entier. Un peu comme si Madonna en 1989 avait encensé Fugazi. Soyez prévenus, le temps est proche où vous n’entendrez parler que de avant que Turnstile. Emmanuel Domont

Le sirop de l’été
ADDISON, Addison Rae, Columbia, CD 16€99
Un nom de porn star, des débuts d’influenceuse, un parcours tout tracé vers le sommet des charts. On présente déjà Addison Rae comme la nouvelle Britney Spears, une consécration pour cette gamine de Louisiane qui a tout fait, depuis ses 15 ans, pour sortir du bayou et se hisser au rang de ses idoles. Manque de bol, un bad buzz la renvoie à sa chambre d’ado lorsqu’elle s’affiche aux côtés de Donald Trump pendant sa campagne. Quelques mois plus tard, Rae est parvenue à nettoyer son image et sort un premier album conçu pour être la bande son de l’été. Verdict : on s’ennuie gentiment à l’écoute de cette synth pop gonflée aux hormones d’un autotune omniprésent et qui transforme sa voix en susurrement gélatineux. Seuls surnagent quelques morceaux moins formatés, comme ce « Diet Pepsi » où frise une mélancolie lointaine qui n’est pas sans rappeler Lana Del Rey. Côté paroles, on navigue plutôt dans les eaux nauséabondes de l’imaginaire des influenceuses. Rendez-nous Cindy Lauper et Kate Bush. Marc Obregon





