LA COLLISION, Paul Gasnier, Gallimard, 176 p., 19 €
Troisième chroniqueur de Quotidien à prétendre, cette année, à la littérature (avec le soutien opportuniste des grandes maisons), Paul Gasnier nous livre un récit aussi scolaire que platement écrit, simple déclinaison de l’émission de Yann Barthès : une petite enquête en vue de faire reluire sa vertu morale sur le dos des « fachos ». Sauf qu’ici, le sujet est plus intime et plus grave : le fait divers évoqué implique la mort de la propre mère de l’auteur. Se rendant à vélo à son nouveau centre de yoga, la sympathique bobo gentrificatrice se fait percuter par un jeune délinquant maghrébin braquant la roue avant de sa moto dans une rue appropriée par sa bande. Ç’aurait pu être une fable satirique, si ce n’était si tragique. Pourquoi Gasnier, qui en aurait eu le prétexte, n’est pas tombé dans l’exaspération populiste qui ne trouve, à ses yeux, aucune excuse, au contraire de la sauvagerie indolente du meurtrier de sa mère ? À l’instar de la plupart des faux littérateurs d’aujourd’hui, l’auteur n’écrit que pour illustrer quelques fatalités sociologiques simplistes, et imagine de la sagesse où il n’y a que la démission de l’esprit. Romaric Sangars

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LA NUIT AU CŒUR, Nathacha Appanah, Gallimard, 283 p., 21 €
Parce qu’on ne s’écarte jamais d’un tract académique à l’usage de ces nouveaux couvents pour jeunes filles que sont les séminaires néo-fem. Sur un thème sensiblement identique à celui de Delaume – les hommes toxiques – la romancière mauricienne signe une sorte de fiction documentaire guindée, malgré des saillies lyriques absconses. Le livre commence d’ailleurs comme une sorte d’exercice mental à la Pirandello (réunir dans une même pièce trois hommes que rien ne rapproche si ce n’est leur sale manie de tabasser leurs rombières) où Appanah annonce la couleur : il s’agit « d’inverser les rôles », de « devenir à son tour un petit bourreau ». L’ambition secrète aurait été de comprendre les mécanismes qui conditionnent notre rapport aux femmes, mais n’est pas William T. Vollman qui veut. Marc Obregon






