Hors-série n°2 – L’art d’être Français
Hors-Série N°2- L'Art d'être Français



Les articles clés du numéro Hors-série n°2 – L’art d’être Français
Aucun article clés trouvé
Sommaire
PREMIÈRE PARTIE L’ART DE CONDUIRE LES HOMMES
8. Jean-Christian Petitfils : il était une fois la France
14. L’homme providentiel, un mythe français
16. Éric Anceau : aux origines de la nation française
22. Diplomatie française : le rêve du deuxième Ouest
26. La France à la conquête du ciel
32. Napoléon stratège : anatomie des torrents
35. Aux armes de France
38. Les saintes, l’autre révolution française
40. Jacques Dournes : l’ethnologue-missionnaire
DEUXIÈME PARTIE L’ART DE VIVRE
44. Nicolas d’Estienne d’Orves : la camaraderie, cet esprit si français
50. La France par B.B.
52. Bistrot : l’art du comptoir
56. Champagne ! L’art de buller
58. Le French Flair, une flamme indomptable
60. 4 silhouettes « so French »
64. Pâtisserie : une histoire française
? 66. Claude Aguttes : « Le patrimoine est une force »
68. Bernard Lugan : « Le duel est le contraire de la violence »
70. Pétanque : l’art des boules
TROISIÈME PARTIE L’ART DE CRÉER
74. Stéphane Giocanti : la France, royaume lyrique et nation littéraire
80. Écrivains-voyageurs français : les maîtres de la géographie secrète
87. Jean Raspail : l’homme qui voyait la France depuis l’ailleurs
88. Pauline de Préval : art gothique, France flamboyante
95. Georges Franju : le fantastique masqué
100. Jean Cocteau, ou l’avant-garde travestie
104. Virgil Declerq : « La France n’a pas été bâtie par des architectes »
106. Verneuil, Boisset, Jessua : des cinéastes contre la société du secret
110. Goscinny : idéal Français moyen
114. Michel Fau : théâtre français avec et sans éclat
123. Comment nous sommes celtes
130. Archéologie du super-héros : une genèse française ?
134. Jacques Dutronc : le météore tranquille
136. Descartes contre Pascal : deux manières de philosopher à la française
140. Rod Dreher : un Américain raconte la France
8. Jean-Christian Petitfils : il était une fois la France
14. L’homme providentiel, un mythe français
16. Éric Anceau : aux origines de la nation française
22. Diplomatie française : le rêve du deuxième Ouest
26. La France à la conquête du ciel
32. Napoléon stratège : anatomie des torrents
35. Aux armes de France
38. Les saintes, l’autre révolution française
40. Jacques Dournes : l’ethnologue-missionnaire
DEUXIÈME PARTIE L’ART DE VIVRE
44. Nicolas d’Estienne d’Orves : la camaraderie, cet esprit si français
50. La France par B.B.
52. Bistrot : l’art du comptoir
56. Champagne ! L’art de buller
58. Le French Flair, une flamme indomptable
60. 4 silhouettes « so French »
64. Pâtisserie : une histoire française
? 66. Claude Aguttes : « Le patrimoine est une force »
68. Bernard Lugan : « Le duel est le contraire de la violence »
70. Pétanque : l’art des boules
TROISIÈME PARTIE L’ART DE CRÉER
74. Stéphane Giocanti : la France, royaume lyrique et nation littéraire
80. Écrivains-voyageurs français : les maîtres de la géographie secrète
87. Jean Raspail : l’homme qui voyait la France depuis l’ailleurs
88. Pauline de Préval : art gothique, France flamboyante
95. Georges Franju : le fantastique masqué
100. Jean Cocteau, ou l’avant-garde travestie
104. Virgil Declerq : « La France n’a pas été bâtie par des architectes »
106. Verneuil, Boisset, Jessua : des cinéastes contre la société du secret
110. Goscinny : idéal Français moyen
114. Michel Fau : théâtre français avec et sans éclat
123. Comment nous sommes celtes
130. Archéologie du super-héros : une genèse française ?
134. Jacques Dutronc : le météore tranquille
136. Descartes contre Pascal : deux manières de philosopher à la française
140. Rod Dreher : un Américain raconte la France
Extrait de l’édito
DIEU SOIT LOUÉ, LA FRANCE EXISTE !
La France et son fameux « esprit », celui qu’on colportait comme un élixir rare dans les cours européennes, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg… Et pourtant, elle a bien failli disparaître, la France… Ensevelie sous la morgue de quelques rois celtes, piétinée sauvagement par les Anglais et les mercenaires bourbons, martyrisée par la guerre civile jacobine, gauchie au bleu de Prusse… avant d’être car-washée dans les largeurs par l’uniformisation culturelle et le post-socialisme grimaçant…
Aujourd’hui, qu’en reste-t-il, de notre beau pays, de son esprit frondeur, de son élégance contrariée, à part une farandole de clichés dans Emily In Paris, à part les mauvais commentaires Google de touristes ingrats sous nos grandes enseignes ? L’esprit français, nos intellectuels ont eu tôt fait de le brader sur les tréteaux de la Grande Foire Globale – dont les « JO 2024 » constituèrent le dernier épisode – célébré unanimement par une presse aveuglée, comme si les gesticulations dérisoires de quelques nageurs et judokas pouvaient faire oublier d’un coup la politique retorse, anti-française, de notre Présipauté. La France ne serait plus que l’ombre d’elle-même, diton. Il faudrait dater sa chute au carbone 14, retourner le cadavre-France, cette belle mécanique démantelée, détaillée au plus offrant, pour examiner lequel de ses organes a le premier fait l’objet d’une ablation.
Quand la France a-t-elle perdu sa superbe ? Les avis varient sur le sujet. Pour Malaparte c’est la ive République qui marque l’arrêt de notre gloire. Il soulignait déjà, dans son Journal d’un étranger à Paris, commencé dans les premiers jours de la Libération, que les femmes étaient moins belles – elles souffrent d’une pudeur sans grâce qui est celle de la défaite, dit en substance l’observateur transalpin. Où sont passées donc les grandes parisiennes aux chevilles légères qui hantaient les coursives feutrées de la capitale ? Les mœurs de la IIIe république, note Malaparte, étaient alors encore imprégnées par les « grandes manières du XVIIIe siècle ». Il aura fallu une défaite et une Occupation pour que l’esprit français s’avachisse. Henry Miller note peu ou prou la même chose lorsqu’il vit à Paris : il ressent une perte diffuse, l’empreinte en chacun d’un rêve passé. Le Paris des années 20 dont il consigne les trémulations a déjà des airs de fête funèbre.
Etre Français, dira Montherlant, c’est vivre crucifié… répéter les mêmes mouvements tout en se sachant immobilisé. La grâce française, c’est le mime. C’est la répétition des mêmes mouvements, l’obsession pour la perfection de la forme. L’esprit du geste. Tirez les premiers, messieurs les Anglais, comme dirait l’autre… Un goût de la défaite ? Pas seulement. L’esprit français, contrairement à ce qui fait nos ennemis de toujours, les cupides Anglais, c’est aussi celui d’un certain sa- voir-vivre qui passe avant le profit. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Interrogez les touristes, il est peu probable que notre « savoir-vivre » les impressionne autant. Peut-être parce qu’ils ne connaissent que Paris, ville cosmopolite qui copie éhontément les lubies infantiles du monde anglo-saxon. Pas évident aujourd’hui de trouver dans la capitale des endroits où le savoir-vivre à la française s’exerce encore.
Les années 80, autre décennie de mise à mort, par d’autres moyens, sont passées par là : le bas-couture a laissé place au blue-jean, les martingales sont tombées, remplacées par le col ouvert des existentialistes, la silhouette de l’homme français s’est diluée peu à peu dans la gouache des fringues molles et des tissus grégaires. Que reste-t-il ? Un rapide examen des faunes hirsutes qui peuplent la capitale, de ces femmes tatouées et lipidiques qui battent le pavé sur leurs semelles lourdes, vous convaincra que la Pari- sienne n’est devenue elle aussi que l’ombre d’elle-même. Quant aux endroits où il fallait se montrer, les bars « américains » et leurs boudoirs tapissés, la Coupole, le Train Bleu, ce sont devenus des repaires de touristes vautrés – ils insultent même la boue des trottoirs… À se demander si la France fut autre chose qu’un doux rêve. C’était l’image proposée par Bossuet, qui voyait déjà les Français « portés par des squelettes dont la mort fut admirable ».
Alors quoi, la grâce française ne fut-elle qu’un doux rêve, porté par les épaules d’albâtre de quelques idoles torréfiées par les siècles ? Il faut dire que la France est sans doute, comme le rappelle Léon Bloy, le seul pays européen qui vaille la peine d’être vécu. Peut-être plus que tout autre pays européen, la France est d’abord une idée. Et l’esprit français, un palimpseste, une dentelle de mots superposée au mille-feuille des siècles, un panache affirmé comme première des vertus sociales.
C’est pourquoi l’esprit français est à la fois fragile et si coriace – parce qu’on ne peut pas effacer le vent. L’esprit français c’est cette complexion de l’âme, cette petite musique véloce qui permet à une collectivité de n’être pas seulement une société de personnes tournées vers le bien commun, mais aussi et surtout… une civilisation
La France et son fameux « esprit », celui qu’on colportait comme un élixir rare dans les cours européennes, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg… Et pourtant, elle a bien failli disparaître, la France… Ensevelie sous la morgue de quelques rois celtes, piétinée sauvagement par les Anglais et les mercenaires bourbons, martyrisée par la guerre civile jacobine, gauchie au bleu de Prusse… avant d’être car-washée dans les largeurs par l’uniformisation culturelle et le post-socialisme grimaçant…
Aujourd’hui, qu’en reste-t-il, de notre beau pays, de son esprit frondeur, de son élégance contrariée, à part une farandole de clichés dans Emily In Paris, à part les mauvais commentaires Google de touristes ingrats sous nos grandes enseignes ? L’esprit français, nos intellectuels ont eu tôt fait de le brader sur les tréteaux de la Grande Foire Globale – dont les « JO 2024 » constituèrent le dernier épisode – célébré unanimement par une presse aveuglée, comme si les gesticulations dérisoires de quelques nageurs et judokas pouvaient faire oublier d’un coup la politique retorse, anti-française, de notre Présipauté. La France ne serait plus que l’ombre d’elle-même, diton. Il faudrait dater sa chute au carbone 14, retourner le cadavre-France, cette belle mécanique démantelée, détaillée au plus offrant, pour examiner lequel de ses organes a le premier fait l’objet d’une ablation.
Quand la France a-t-elle perdu sa superbe ? Les avis varient sur le sujet. Pour Malaparte c’est la ive République qui marque l’arrêt de notre gloire. Il soulignait déjà, dans son Journal d’un étranger à Paris, commencé dans les premiers jours de la Libération, que les femmes étaient moins belles – elles souffrent d’une pudeur sans grâce qui est celle de la défaite, dit en substance l’observateur transalpin. Où sont passées donc les grandes parisiennes aux chevilles légères qui hantaient les coursives feutrées de la capitale ? Les mœurs de la IIIe république, note Malaparte, étaient alors encore imprégnées par les « grandes manières du XVIIIe siècle ». Il aura fallu une défaite et une Occupation pour que l’esprit français s’avachisse. Henry Miller note peu ou prou la même chose lorsqu’il vit à Paris : il ressent une perte diffuse, l’empreinte en chacun d’un rêve passé. Le Paris des années 20 dont il consigne les trémulations a déjà des airs de fête funèbre.
Etre Français, dira Montherlant, c’est vivre crucifié… répéter les mêmes mouvements tout en se sachant immobilisé. La grâce française, c’est le mime. C’est la répétition des mêmes mouvements, l’obsession pour la perfection de la forme. L’esprit du geste. Tirez les premiers, messieurs les Anglais, comme dirait l’autre… Un goût de la défaite ? Pas seulement. L’esprit français, contrairement à ce qui fait nos ennemis de toujours, les cupides Anglais, c’est aussi celui d’un certain sa- voir-vivre qui passe avant le profit. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Interrogez les touristes, il est peu probable que notre « savoir-vivre » les impressionne autant. Peut-être parce qu’ils ne connaissent que Paris, ville cosmopolite qui copie éhontément les lubies infantiles du monde anglo-saxon. Pas évident aujourd’hui de trouver dans la capitale des endroits où le savoir-vivre à la française s’exerce encore.
Les années 80, autre décennie de mise à mort, par d’autres moyens, sont passées par là : le bas-couture a laissé place au blue-jean, les martingales sont tombées, remplacées par le col ouvert des existentialistes, la silhouette de l’homme français s’est diluée peu à peu dans la gouache des fringues molles et des tissus grégaires. Que reste-t-il ? Un rapide examen des faunes hirsutes qui peuplent la capitale, de ces femmes tatouées et lipidiques qui battent le pavé sur leurs semelles lourdes, vous convaincra que la Pari- sienne n’est devenue elle aussi que l’ombre d’elle-même. Quant aux endroits où il fallait se montrer, les bars « américains » et leurs boudoirs tapissés, la Coupole, le Train Bleu, ce sont devenus des repaires de touristes vautrés – ils insultent même la boue des trottoirs… À se demander si la France fut autre chose qu’un doux rêve. C’était l’image proposée par Bossuet, qui voyait déjà les Français « portés par des squelettes dont la mort fut admirable ».
Alors quoi, la grâce française ne fut-elle qu’un doux rêve, porté par les épaules d’albâtre de quelques idoles torréfiées par les siècles ? Il faut dire que la France est sans doute, comme le rappelle Léon Bloy, le seul pays européen qui vaille la peine d’être vécu. Peut-être plus que tout autre pays européen, la France est d’abord une idée. Et l’esprit français, un palimpseste, une dentelle de mots superposée au mille-feuille des siècles, un panache affirmé comme première des vertus sociales.
C’est pourquoi l’esprit français est à la fois fragile et si coriace – parce qu’on ne peut pas effacer le vent. L’esprit français c’est cette complexion de l’âme, cette petite musique véloce qui permet à une collectivité de n’être pas seulement une société de personnes tournées vers le bien commun, mais aussi et surtout… une civilisation

