HISTOIRE VIVANTE
MÉMOIRES DE CORTÈS, Christian Duverger, Fayard, 405 p., 24€90
L’exofiction, ce procédé qui consiste à fantasmer la vie d’un personnage illustre pour en tirer la substantifique moelle d’un roman, serait-elle en passe de devenir la nouvelle mode à éviter ? On aurait tort de voir pareil procédé chez Christian Duverger : spécialiste de l’histoire coloniale en Amérique latine, il a signé une somme biographique sur Hernan Cortez, à qui il consacre un roman en cette rentrée. Mais attention : Mémoires de Cortès se révèle, plutôt qu’un roman, une méditation sur l’Histoire qui rend hommage aux Mémoires d’Hadrien de Yourcenar, s’interrogeant sans cesse sur l’authenticité du récit littéraire – Cortès ayant lui-même écrit son autobiographie en inventant un narrateur de toutes pièces. S’il se permet au passage de tordre le coup aux habituels clichés qui collent à la peau du conquistador, également homme d’état, génie militaire et fin lettré, montrant un homme qui aima passionnément cette « Nouvelle Espagne » pleine de promesses, Duverger se montre vraiment passionnant lorsqu’il questionne ces deux « modalités gémellaires » de la fabrication de l’Histoire : « les archives mortes et le souvenir vivant ». Une brillante entrée en littérature. Marc Obregon […]
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