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Les films de grand spectacle, ceux qui invitent à se rendre au cinéma pour leur caractère spectaculaire, peuvent désormais se scinder en deux catégories distinctes, aussi pénibles l’une que l’autre : les adaptations de romans pour adolescents et les adaptations de bande-dessinées de super slips.
Tous les mois, au minimum, un film ayant engendré des coûts de production largement supérieurs à la barre des 50 millions de dollars sort de l’usine à rêves hollywoodienne. Le plus généralement, il s’agit d’un film ultra manichéen et cousu de fil blanc, adapté à un public décérébré ou infantile. En à peine quelques années, Hollywood a tué la majorité des auteurs et des cinéastes anglo-saxons, rendant presque impossible le financement de films exigeants, qu’ils soient destinés à un large public ou à la course aux récompenses. Pour un retour sur investissement conséquent, les producteurs ont compris qu’il fallait segmenter, prendre un minimum de risques créatifs de manière à s’assurer de rentrer dans les frais. Auparavant, les affairistes travaillaient avec des cinéastes talentueux. Aujourd’hui, ils ont recours à des faiseurs interchangeables qui, dès qu’ils ont sorti un film à peu près correct, sont immédiatement recrutés par l’industrie pour filmer du Black Panther ou du Wonder Woman. Mieux, pour se donner bonne conscience, les grands studios confient les films sur les super-héroïnes à des femmes, ceux sur des héros issus des « minorités » à des personnes venant de la même « minorité », etc. Bientôt, d’ailleurs, il sera interdit à un acteur non « transgenre » de jouer le rôle d’un transgenre, à un hétérosexuel de jouer le rôle d’un homosexuel, et ainsi de suite comme l’a prouvée la polémique récente qui a visé l’actrice Ruby Rose choisie pour jouer le personnage de Batwoman, lesbienne dans les comic-books.
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Dino de Laurentiis visait le profit, mais n’hésitait pas à confier la réalisation de Dune à David Lynch ou celle de Conan le barbare à John Milius. Si, au début des années 1980, consécutivement au succès inattendus du Star Wars de George Lucas et de l’Alien de Ridley Scott, les productions de Laurentiis, les films de Spielberg ou de Robert Zemeckis, annonçaient évidemment l’hégémonie future des univers de science-fiction et de fantasy, le règne sans partage des franchises, et un goût de plus en plus porté vers des histoires destinées à un public très jeune, ou à des adultes devenus adulescents, elles étaient aussi d’une qualité et d’une originalité très largement supérieures aux standards contemporains. Pour commencer, ces films pouvaient être regardés sans rougir par des adultes. Par ailleurs, sans pour autant prétendre à un discours métaphysique ou politique conséquent – et encore, le Conan de Millius est toujours, en un sens, un grand film nietzschéen -, ou à l’édification du public, ils étaient encore des films de réalisateurs, portant la marque de leurs auteurs.
En 2018, la mode des franchises, des suites à rallonge et des « reboots » (redémarrage d’une série de films) a achevé de détruire – pas encore intégralement toutefois – le cinéma grand public américain. Malins, les studios ont étudié le public. Pour les garçons entre 6 et 25 ans ? Spiderman, les Vengeurs, les X-Men, la Justice League of America et les autres. Pour les afro-américains ? Le Black Panther. Pour les fillettes et celles qui le restent ? Twilight, Hunger Games ou le Labyrinthe. Pour les membres des Générations X et Y nostalgiques ? Les pastiches des studios Amblin par JJ abrams, un nouveau Jurassic Park, une série Star Trek, etc. Des films qui se suivent et se ressemblent. Dieu sait pourtant que la bande-dessinée américaine, super-slips compris, peut être riche. Du reste, quelques-uns de ces films sont agréablement mis en scène, présentant une histoire plutôt bien écrite. Il ne faudrait pas, comme certains grincheux, tout condamner d’un bloc, rejeter dans la sous-culture la plus crasse ces histoires qui empruntent aux mythes les plus anciens. Hollywood, après tout, est une économie pragmatique qui sort ce qui rapporte de l’argent, comme n’importe quelle entreprise commerciale. Mais, quel spectateur, un tant soit peu éduqué, pourrait supporter de visionner la troisième incarnation de Spider-Man en à peine quinze ans ?
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Avec les moyens techniques actuels, des évènements historiques, des mythes, ou des grands romans que l’on croyait autrefois inadaptables ne le sont plus. Plutôt qu’un centième Harry Potter, pourquoi ne pas porter à l’écran le cycle d’Ulster de la tradition irlandaise, Les Bacchantes d’Euripide, la Guerre des Gaules, la vie de Napoléon Bonaparte, les romans de Balzac, le Mahabharata, et tant d’autres épisodes sublimes de l’humanité ? Il faut avouer que lorsqu’ils se décident aujourd’hui à le faire, le résultat est catastrophique, en témoigne l’Achille africain du feuilleton Troie de la BBC. L’Iliade d’Homère comptant déjà quelques personnages africains, notamment le roi des Ethiopiens Memnon, quel cheminement intellectuel tortueux aura conduit la BBC à africaniser le demi-dieu Achéen ? Le cinéma populaire français ne vaut d’ailleurs pas mieux, le cas de l’Ali Baba « Kev Adams » étant symptomatique d’une production d’une rare indigence.
Une question subsiste, lancinante : le cinéma populaire occidental contemporain ne serait-il pas à l’image de son public ?
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