[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1535377194750{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]
Figure majeure de la peinture de corrida, Hubert de Watrigant sait mieux que quiconque peindre l’essence du combat entre l’homme et le taureau et dégager d’un assemblage de couleurs tout ce qu’il révèle de force onirique.
Vous êtes une figure majeure de la peinture de corrida. Comment êtes-vous arrivé à la tauromachie ?
On a toujours parlé de taureaux autour de moi. La tauromachie fait partie de mon éducation. Mon goût pour la peinture et ma passion pour la corrida se sont développés et enrichis mutuellement dès mes débuts. Cependant, c’est plutôt le cheval qui a été le point de départ de mon cheminement artistique. Issu d’une famille liée au monde des courses, j’ai grandi entouré de chevaux. Mes travaux sur les chevaux sont ainsi les premiers que j’ai montrés à un public. J’ai gardé pendant longtemps mes peintures taurines comme un jardin secret. C’est au moment où les peintres taurins ont commencé à pulluler que je me suis dit que c’était dommage de ne pas montrer tout le travail que j’avais accumulé au fil du temps.
Qu’est-ce qu’on retrouve chez le cheval et le taureau qui suscite votre intérêt ?
Le mouvement. C’est d’ailleurs une constante de ce que je cherche à exprimer dans ma peinture. Sans cesse en train de se mouvoir, ces deux animaux sont tous deux dotés de personnalités très fortes. Ils dégagent une beauté sauvage et une grande noblesse. Je suis particulièrement intéressé par la part de mystère que les taureaux conservent. J’aime la puissance qu’ils incarnent, cette masse imposante de force qui se déplace avec une vélocité impressionnante. Le cheval est sans doute la plus belle conquête de l’homme. Mais contrairement à ce qu’affirmait Théophile Gautier en donnant ce titre au lion, je pense que c’est le taureau qui est le roi des animaux. Le lion est d’ailleurs dominé par le buffle dans la savane ! Sans parler de tous les combats organisés dans les siècles passés entre un lion et un taureau généralement remportés par ces derniers.
Qu’est-ce qui motive un homme sain de corps et d’esprit comme vous à passer régulièrement ses après-midis à regarder des taureaux mourir dans une arène ?
Je vais y chercher des émotions, un rêve, de la beauté. Outre l’animal, la corrida me transporte aussi pour l’homme qui en est l’acteur. Je suis fasciné depuis toujours par l’attitude du torero, son costume, cette gestuelle si particulière. J’espère à chaque fois assister à cette osmose fugace qui peut naître parfois sur le sable de l’arène entre la grâce et le courage d’un homme et la noblesse sauvage d’un animal. Je pense que toutes les personnes qui viennent aux arènes sont en quête d’un idéal. Ils espèrent voir quelque chose qu’ils n’ont jamais vu et qu’ils ne reverront peut-être jamais. Le taureau idéal, le torero idéal. L’éleveur vient en espérant voir son taureau toréé par le torero idéal. Le torero vient en espérant toréer le taureau idéal. Le public vient avec l’espoir de voir la rencontre entre ces deux rêves.
Quelle est la place des arts dans la tauromachie ?
De nombreux artistes se sont intéressés à la tauromachie. Beaucoup de gens ne savent pas que des artistes comme Orson Welles, Montherlant, Hemingway, Picasso, ou encore Cocteau étaient des passionnés de corrida. Ce n’étaient pas des fous sanguinaires ! La corrida est éminemment artistique, c’est absolument indéniable. C’est une symphonie, un tableau, un poème. C’est une œuvre d’art éphémère.
Qu’est-ce que la tauromachie peut apporter à notre monde moderne ?
L’acceptation de la mort. Je trouve que notre société actuelle occulte cela. On occulte d’ailleurs tout ce qu’on ne peut pas ou ne veut pas comprendre. En cela la corrida gêne car elle montre et met en scène la mort et la souffrance. On ne veut pas souffrir et mourir, ou alors à l’abri des regards. Cela donne lieu à des paradoxes : on n’accepte pas la mort d’un animal dans une arène, on est choqué qu’un homme ait le courage d’affronter un taureau, mais dans le même temps les télévisions passent en boucle les images de deux trublions qui se fracassent le crâne dans un hall d’aéroport [NDLR : la bagarre entre les rappeurs Booba et Kaaris].
Alors que le véganisme semble de nos jours omniprésent, comment faire aimer la tauromachie et renverser cette tendance ?
Aujourd’hui le monde est médiatique donc beaucoup de choses se jouent sur ce plan. Il est impressionnant de voir le nombre de bêtises relayées à propos de la tauromachie sur internet – souvent par des gens qui sont de bonne foi d’ailleurs. Lutter contre l’ignorance est déjà un beau combat car il ne s’agit pas de faire aimer la corrida à tout le monde. Si déjà la plupart des gens se contentaient de ne pas y être opposés ce serait déjà un grand pas. Si ce n’est faire aimer, il faut faire comprendre.
Prochaine exposition :
Londres – The Osborne Studio Gallery
Du 6 au 30 novembre 2018
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]