Boris Bergman, auteur mythique de la pop française, fut un compagnon de route de Guy Peellaert et prit comme lui tous les risques afin de défendre « une certaine idée de la culture populaire » face à des cultureux germanopratins dont la descendance bobo essaie bien maladroitement de récupérer un concept pop auquel elle n’a jamais rien compris. Les souvenirs du parolier de l’album Passé le Rio Grande de Bashung nous éclairent sur celui qui illustra les affiches des films de Robert Altman, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Wim Wenders ou Robert Bresson.
Comment avez-vous découvert Guy Peellaert ?
Ce fut à travers le film Jeu de Massacre d’Alain Jessua où Michel Duchaussoy jouait le rôle de Peellaert. C’est un des rares films français où le personnage principal est un dessinateur de bandes dessinées. Je communiquais avec lui par fax, et un jour je lui ai envoyé un dessin me représentant en aveugle avec une canne blanche en haut d’une colline, en train de fumer un joint tout en lançant : «Guy, c’est toi ?» Guy m’a envoyé le contrechamp, avec la fumée du joint planant au-dessus de G.I’s qui répondaient : « Ça sent le Boris ». On a souvent collaboré ensemble, il a réalisé la couverture d’un de mes romans et il était également très ami avec Lio (Boris Bergman a écrit les paroles de l’album Wandatta). Je lui ai écrit la préface anglaise de Rêves du XXe siècle, et il a également conçu la pochette de mon hommage à Buddy Holly.
On se rend compte avec The Game que Guy Peellaert changeait constamment de style graphique…
C’était son point commun avec Alain Bashung. Ils ne voulaient pas être prisonniers d’une méthode. Jodelle était dans une lignée franco-belge, alors que Pravda comme The Game étaient davantage dans une lignée américaine avec ces aplats decouleur. Puis, à un moment, toute son admiration pour Edward Hopper est ressortie. Dès The Game, on se rend compte que la statue est déjà dans la pierre, dans She and the Green hair, il y a déjà la photo que l’on retrouvera plus tard, mais il n’a pas encore superposé les éléments.
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !