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Qui se souvient de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2017 ? Ce duel inédit opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron avait été émaillé de son lot de surprises. Evènement le plus marquant de la période – en dehors du traditionnel débat -, l’épisode Whirlpool avait tenu les chaînes d’information continue sur le qui vive une journée entière.
Symbole des divergences entre la candidate alors frontiste et le marcheur venu du gouvernement Hollande, le cas Whirlpool était emblématique d’un phénomène qui n’en est presque plus un, le processus semblant arriver à son terme : la désindustrialisation de la France. Dans la journée du 27 avril 2017, les salariés et les syndicats inquiets par le rachat du site Whirlpool ont été au centre d’une véritable bataille politique. Alors qu’Emmanuel Macron se rendait dans la mâtinée à la rencontre des syndicats réunis à la Chambre de commerce de la Somme, Marine Le Pen allait devant l’usine parler directement aux salariés réunis qui l’accueillaient chaleureusement : « Je suis ici à ma place, exactement là où je dois être, au milieu des salariés de Whirlpool qui résistent à cette mondialisation sauvage, à ce modèle économique honteux. Je ne suis pas en train de manger des petits fours avec quelques représentants qui, en réalité, ne représentent qu’eux-mêmes ».
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De nombreux commentateurs crurent alors assister à une victoire de Marine Le Pen, au moins tactique, tant Emmanuel Macron semblait en difficulté. Personne, du reste, ne le pensait capable de lui aussi affronter l’ire des ouvriers confrontés aux affres de la globalisation économique, sacrifiés sur l’autel des règles du commerce mondial et des dividendes alors que leur site dégageait de substantiels bénéficies, qui plus tôt dans la journée lui avaient réservé une salve de sifflets. Il l’a pourtant fait, réussissant même à arracher quelques points en bout de course en se montrant tel qu’il voulait qu’il soit vu : réaliste, pragmatique sans toutefois être dénué d’empathie. Emmanuel Macron partait pourtant avec d’importants handicaps, pas aidé par les siens. Son ancien mentor Jacques Attali déclarait notamment sur LCI que le sort des salariés en colère relevait de « l’anecdote » et que les ouvriers devraient « se prendre en main ».
Emmanuel Macron a donc promis qu’il trouverait un repreneur crédible pour le « maintien de l’emploi ». Qu’en est-il un peu plus de ans après ? Le site a été effectivement repris … mais l’entreprise de l’industriel local Nicolas Decayeux a déjà été placée en redressement judiciaire !
Pour se sortir par le haut d’une polémique qui illustrait crûment les problèmes soulevés par le programme qu’il défendait, Emmanuel Macron a donc promis qu’il trouverait un repreneur crédible pour le « maintien de l’emploi ». Qu’en est-il un peu plus de ans après ? Le site a été effectivement repris … mais l’entreprise de l’industriel local Nicolas Decayeux a déjà été placée en redressement judiciaire ! Les employés avaient donc raison d’être inquiets et de ne pas accorder leur confiance à Emmanuel Macron comme au repreneur : « Cette situation critique s’explique par les difficultés de la société WN à concrétiser ses projets industriels innovants en débouchés commerciaux concrets à court ou moyen terme. Le faible chiffre d’affaires généré actuellement ne permet pas à l’entreprise de financer son activité malgré l’importance des efforts financiers consentis ».
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Après la fermeture de l’usine délocalisée à Lodz en Pologne – comme tant d’autres avant elle, par la faute du marché unique -, le site était repris pour produire des casiers réfrigérés connectés, des chargeurs de batteries pour vélos et voitures ou encore une usine collaborative. Pas un seul bien n’est sorti d’usine, car WN (entreprise de Nicolas Decayeux) n’a signé aucun contrat comme l’avait affirmé la CFTC. Des gens ont donc été licenciés deux fois ! Pis, ils ont pour la plupart passé l’année écoulée à ne rien faire, se contentant de nettoyer le site faute de travail. Un petit décompte montre l’ampleur du déclin de l’industrie française. En janvier 2017, Whirlpool employait 300 personnes en CDI et 250 intérimaires à temps plein. Après le rachat, WN n’avait conservé que 160 salariés. N’en déplaise à Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, « l’avenir industriel » du site s’assombrit de même que les possibilités de reconversion pour les salariés. La raison est toute bête : la France a depuis longtemps renoncé à produire ce qu’elle consomme. La “compol” n’y pourra rien changer…
Gabriel Robin
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