Comment se reconstruit-on après ce genre d’épreuves ?
J’ai eu besoin de prendre du recul non seulement par rapport à l’enlèvement, mais aussi par rapport à mon investissement dans le travail, où il fallait couvrir le moindre sujet urgent, presque comme un reporter de guerre. En tant que chef de mission, on a charge d’âmes et la responsabilité de volontaires sur place. Prendre du temps avec ma famille m’a permis de repenser ma vie. Cette situation extrême a été l’occasion d’un grand examen de conscience. Un feu qui ranime tous les manquements de ta vie. Tu vois défiler ta vie. Et tu as tout le temps… Et écrire ! Ç’a été un exutoire. J’ai balancé tout ce que j’avais à dire.
Votre prise d’otage a-t-elle été l’effet d’erreurs commises malgré les protocoles de sécurité ?
Un humanitaire part dans un pays où ça ne va pas bien par définition, et c’est son travail. Quand un pays est en guerre civile ou dévasté par une catastrophe naturelle, le premier réflexe est de déployer l’armée qui passe le relais à des organisations humanitaires. Ça induit des risques intrinsèques. Dans ce sens, on court des risques sur le terrain en faisant le travail annoncé. Mais tout a été fait selon le protocole de sécurité ! Antoine Brochon – directeur de la sécurité chez SOS Chrétiens d’Orient et enlevé lui aussi – assiste régulièrement aux cellules de crise et de soutien au quai d’Orsay : il s’est donc informé une semaine avant sur Bagdad. [...]
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