Émancipé de tout enracinement dans une loi naturelle, une tradition nationale ou un droit divin, l’homme moderne a le sentiment d’être libre et de n’obéir qu’à ses désirs. L’auto-référencement de sa pensée lui en serait une preuve irréfragable. Pourtant, il n’en est rien, comme l’expliquait Alain Finkielkraut dans son discours de réception à l’Académie française le 28 janvier 2016 : « Les démocrates, les modernes que nous sommes, prétendent n’obéir qu’au commandement de leur propre raison, mais ils se soumettent en réalité aux décrets de l’opinion commune. Le bon sens apparaissant comme la chose du monde la mieux partagée, on se défie des supériorités individuelles […] mais du “On” lui-même, chacun est la victime consentante. Comme l’a montré Tocqueville, nous sommes, en tant que citoyens libres et égaux, les sujets dociles du pouvoir social ». [...]
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