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Antipop : Bérurier Noir, conte cruel de la vieillesse

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Publié le

31 décembre 2020

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Parce que la pop culture, malgré ses joyaux, est avant tout une sous-culture de masse, il ne faudrait pas oublier de prendre du recul et de la gifler tous les mois. L’Incorrect tient à votre hygiène mentale, voici la rubrique Antipop.
Bérurier

C’est le tragique de ceux qui s’imaginent indispensables : il faut toujours qu’ils rappliquent pour aggraver la situation. Bérurier noir, célèbre groupe punk français, duo emblématique des années 80 dans lesquelles il semblait enkysté à jamais (malgré un bref retour de 2003 à 2006), pourrait se reformer. Pour un groupe, se reformer, c’est défier le temps. Mais comment défier les trois dernières décennies quand on s’est toujours trompé ? Comment se réclamer du punk quand celui-ci a raccroché l’industrie de l’entertainment ? Comment invoquer la révolution quand seul le capitalisme est révolutionnaire ? Comment désirer l’anarchie quand on égorge en pleine rue ?

Un peu de rab pour l’arrière-garde

« Les Bérus » nous assurent que ce retour ne sera pas une redite mais un nouveau projet en cours de définition. Qu’importent leurs intentions ! Pour leurs fans, il s’agira de se réchauffer un rab de bon vieux temps ; et pour les plus sots d’entre eux de se prouver qu’ils n’ont pas changé. Certes, trois morceaux sont déjà composés mais, comme lors d’un concert des Rolling Stones, le public ne vibrera que pour les « tubes ». Facile d’imaginer une future prestation. Elle sera triste évidemment. Une névrose d’échec collective passée aux couleurs du carnaval. Elle débutera par les nouveaux-titres ponctués d’exhortations à l’accueil des migrants, à ne pas oublier Clément Méric – et qui sait ? Peut-être Loran, le guitariste, réitèrera-t-il son appel à voter Macron ? – jusqu’à l’apothéose : « La jeunesse emmerde le Front national », et s’achèvera sur une nouvelle version de « Salut à toi ». Et ce sera tout. Névrose d’échec car Bérurier noir jouera devant l’arrière-garde de ce qu’on appela un jour la « Génération Mitterrand », ces sous-boomers étouffés par leurs aînés qui jamais n’accédèrent pleinement à l’âge adulte comme le prouve leur effarante stérilité. Cocus mais contents, ils en redemanderont du Béru, et pour cause : c’est bien ce qu’ils auront eu de meilleur… [...]

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